1991, l’onde de choc de la guerre du Golfe

1991, l’onde de choc de la guerre du Golfe

Par Flavie Thouvenin

Depuis 70 ans, Arts et Vie écrit une histoire peu ordinaire : celle d’une petite association d’enseignants passionnés, née en 1955, devenue aujourd’hui numéro un du voyage culturel en France. Fondée dans un esprit de partage et de transmission du savoir, l’association a su évoluer tout en restant fidèle à ses valeurs fondatrices. Pour célébrer cet anniversaire marquant, nous vous proposerons tout au long de l’année une série d’articles retraçant les grandes étapes de cette belle aventure humaine et culturelle.

En 1991, le monde bascule dans une ère nouvelle. La guerre du Golfe marque un tournant géopolitique majeur, mais aussi une rupture brutale pour le secteur touristique. 

Paysage du Wadi Rum, où se niche la cité de Pétra
Paysage du Wadi Rum en Jordanie © P. Bettan

Une crise inédite

Dès août 1990, avec l’invasion du Koweït par l’Irak, les réservations s’arrêtent net. Le déclenchement des hostilités quelques mois plus tard fait vaciller tout le secteur du tourisme. Pour Arts et Vie, la situation est sans précédent : la guerre ne se limite pas à une région du monde, elle concerne directement la France et une trentaine d’autres nations. Le contexte anxiogène – auquel s’ajoutent épidémies, coups d’État et tensions multiples – provoque une désertion durable des destinations arabes, jusque-là très prisées. 

Tenir la barre

Pour Arts et Vie, c’est un véritable choc : les départs s’effondrent, les annulations se multiplient, les destinations-phares deviennent inaccessibles. L’association, jusqu’alors en pleine expansion, doit réagir vite, s’adapter sans renier son identité. Ce moment de crise profonde signe la fin d’une époque… et le début d’un autre chapitre.

Face à cette tempête, l’association fait preuve d’une remarquable réactivité. Une communication claire est mise en place auprès des adhérents, via une « note d’information voyage » qui précise l’évolution des programmations et propose des alternatives. Parallèlement, l’offre est redéployée : les séjours en France et les circuits long courrier (Amérique latine, Asie…) permettent de limiter les pertes.

S’adapter sans se renier

Cette crise impose à l’association une nouvelle logique : il ne s’agit plus seulement de se développer, mais de compenser la disparition de pans entiers du catalogue. Dès lors, la diversification devient une nécessité : de nouvelles destinations sont ouvertes – Açores, Islande, Irlande… –, les séjours à thème se multiplient, l’offre culturelle s’étoffe. C’est un tournant stratégique majeur : pour rester fidèle à ses valeurs, Arts et Vie doit faire preuve d’inventivité et de souplesse.

Paysage de l'île de Pico et son volcan
Paysage des Açores © A. Pereira
Les chutes de Skogafoss en Islande
Les chutes de Skogafoss en Islande © N. Sidois

Une résilience saluée

Malgré les vents contraires, l’association parvient à limiter les dégâts. En 1996, alors que les voyagistes français accusent une baisse de fréquentation de 40 %, Arts et Vie limite la sienne à 9 %. Quelques années plus tard, lors des attentats du 11 septembre 2001, elle encaisse le choc avec une perte de seulement 8 %. Cette solidité repose sur une gestion rigoureuse, mais aussi sur une fidélité indéfectible de ses adhérents, qui peuvent compter sur la qualité des programmes… et sur la présence attentive des accompagnateurs.

Fiscalité, Europe, concurrence : des défis en cascade

À ces crises conjoncturelles s’ajoutent des mutations structurelles. En 1990, l’association passe sous régime fiscal de droit commun, conséquence de la professionnalisation de son activité. Cette reconnaissance de sa singularité n’est pas sans heurts : l’administration fiscale réclame un redressement rétroactif, finalement abandonné après de longues négociations. Dans le même temps, Arts et Vie doit défendre le bénévolat face à l’URSSAF et s’adapter à la nouvelle législation européenne sur les activités touristiques.

Sur le front commercial, la concurrence s’intensifie. L’apparition des voyagistes low cost bouleverse les habitudes : les clients deviennent consommateurs, en quête de bonnes affaires de dernière minute. Refusant la course aux prix cassés, Arts et Vie choisit un autre chemin : celui de l’exigence culturelle, de la qualité, de la fidélité à ses principes.

Garder le cap

1991 est plus qu’une crise : c’est un révélateur. Il démontre combien le monde du voyage est vulnérable aux soubresauts du réel… mais aussi combien la vocation d’Arts et Vie – offrir à tous un accès éclairé à la culture et au monde – reste pertinente, précieuse, indispensable. Depuis la guerre du Golfe, d’autres secousses majeures viendront ébranler le secteur : attentats du 11 septembre, épidémies de SRAS et de grippe aviaire, tsunami de 2004, Printemps arabe, crise financière de 2008, montée du terrorisme islamiste, sans oublier l’arrêt brutal causé par la pandémie de Covid-19. À chaque fois, Arts et Vie tiendra bon. En tenant le cap, en restant fidèle à ses valeurs et en adaptant sans cesse son offre, l’association aura su traverser les tempêtes sans jamais perdre de vue l’essentiel : le sens du voyage, la force du collectif, et l’exigence culturelle.

Sur le front commercial, la concurrence s’intensifie. L’apparition des voyagistes low cost bouleverse les habitudes : les clients deviennent consommateurs, en quête de bonnes affaires de dernière minute. Refusant la course aux prix cassés, Arts et Vie choisit un autre chemin : celui de l’exigence culturelle, de la qualité, de la fidélité à ses principes.

Retrouvez toute la série d’articles : Les grandes dates qui ont fait l’histoire d’Arts et Vie

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