La vieille Europe est toujours jeune et continue d’attirer des visiteurs venus du monde entier puiser aux sources d’une culture universelle. L’Europe est riche et diverse : redécouvrez-la avec Arts et Vie !
Europe
Par Marie Lagrave
Publié originellement dans le Plus #164 (Automne 2021)
Suite à l’invention, en 1872, du premier parc national au monde – Yellowstone –, de nombreux pays vont emboîter le pas aux États-Unis et fonder leurs propres parcs nationaux. En France, s’il faut attendre 1963 pour que soit institué le premier – celui de la Vanoise –, c’est l’aboutissement d’une longue série de réflexions et de projets, dont certains ébauchés avant même la création de Yellowstone. S’écartant du modèle américain, 11 parcs nationaux “à la française” verront le jour, non sans mal. Souhaités par une certaine élite, ils auront beaucoup de difficultés à se faire accepter de la population locale, malgré un objectif de valorisation du territoire et de développement durable.
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Les peintres de Barbizon et la forêt de Fontainebleau

En France, pendant longtemps, la nature sauvage ne sera pas du tout valorisée, au contraire : il faut la domestiquer, la contrôler, la rendre utile et agréable. Mais ce regard commence quelque peu à peu à changer quand, à partir des années 1820, plusieurs peintres s’installent dans le village de Barbizon, à la lisière de la forêt de Fontainebleau. La peinture en extérieur commence tout juste à se développer, et les paysages naturels deviennent un sujet en vogue. Fontainebleau, de par sa proximité avec Paris, est le terrain de jeu parfait pour ces jeunes avant-gardistes.
À découvrir lors de la journée culturelle : Barbizon et Fontainebleau
Théodore Rousseau – chef de file du mouvement – et ses compagnons se battent alors contre les coupes rases afin de pouvoir continuer à peindre les arbres qu’ils affectionnent. Ils obtiennent en 1853 que 624 ha soient préservés de l’exploitation en tant que “série artistique” : c’est le premier « site naturel protégé » de France. Et si l’appellation a depuis disparu (ainsi que la protection qu’elle offrait), elle a sans doute influencé la conception du parc national de Yellowstone – elle aussi initiée par des peintres –, puis l’institution d’autres espaces protégés en France.
Les associations touristiques et l’éphémère parc de la Bérarde
L’avènement du parc national de Yellowstone connaît rapidement un retentissement mondial. C’est un immense succès, qui fait de la nature un espace de loisirs et un patrimoine à préserver. Nombreux sont alors ceux qui souhaitent voir l’invention américaine dupliquée en France.

Deux associations seront particulièrement influentes : le Club Alpin Français (association de sports de montagne) et le Touring Club de France (association à but touristique, au départ à bicyclette, puis qui s’est élargie à d’autres activités). En 1913 est créé, à leur initiative, l’Association des parcs nationaux de France et des colonies. La même année est inauguré, dans les Alpes, le parc de la Bérarde, qui obtiendra officieusement le statut de parc national, avant de péricliter peu à peu faute de moyens (la Première Guerre mondiale éclate l’année suivante) et face à l’opposition de la population locale, qui refuse les contraintes liées au parc. Il renaîtra néanmoins bien plus tard – en 1973 – sous le nom de parc national des Écrins.
Les premiers parcs nationaux français… dans nos colonies
La première tentative de création d’un parc national sur le sol français s’étant soldé par un échec, c’est vers les colonies que se tournent les associations. Avec leur aide et le soutien de l’administration des Eaux et Forêts, 10 parcs nationaux seront créés en Algérie entre 1923 et 1930, afin de “protéger les beautés naturelles et les curiosités scientifiques de la colonie, et de favoriser le tourisme”. Ces terres sont donc soustraites à la chasse, aux pâturages, à l’exploitation forestière… et de nombreux aménagements touristiques y sont installés. Par la suite, plusieurs parcs et réserves seront créés sur un modèle similaire dans de nombreuses colonies françaises.
De multiples conflits autour des parcs nationaux
Ensuite, plusieurs visions des parcs nationaux cohabitent et s’affrontent. Pour certains, un parc doit permettre un équilibre entre la préservation de la nature et les activités rurales traditionnelles (agriculture, pâturages, chasse…). Pour d’autres, un parc national est avant tout une marque, un attrait touristique, qui va supporter le développement des communes alentour, dans un contexte marqué par la pauvreté et l’exode rural. D’autres, enfin, estiment qu’un parc doit être un refuge inaliénable pour la vie sauvage, où l’homme serait exclu.
Mais en France métropolitaine, les projets stagnent et les échecs se multiplient. La création de parcs nationaux se heurte à plusieurs difficultés. D’abord, toutes les terres sont habitées, cultivées, ou utilisées d’une manière ou d’une autre. Instaurer un parc dans un lieu revient donc à spolier les habitants de cet espace, en restreignant les activités qui peuvent s’y déployer. Ce qui soulève, localement, une vive opposition.
La loi de 1960 et les premiers parcs nationaux de France
Face à ces conflits, il faudra attendre 1960 pour qu’une véritable loi soit proposée afin d’initier la création de parcs nationaux. La solution qui va être proposée est d’aménager, à l’intérieur de chaque parc, des secteurs distincts avec des statuts différents. La zone principale, le cœur de parc, sera ouverte au public mais encadrée par des mesures strictes ; des réserves intégrales pourront y être instaurées, où la seule présence humaine autorisée sera celle des scientifiques et chercheurs ; puis, une zone périphérique permettra de développer un dynamisme touristique et de maintenir l’activité agricole.
L’objectif est de donner aux territoires classés parcs nationaux une forte visibilité au niveau national et international, d’y mener une politique de protection du patrimoine naturel et culturel afin de pouvoir le transmettre aux générations futures et d’y intégrer des programmes pédagogiques.

Sept parcs nationaux seront inaugurés sur ce modèle entre 1963 et 1989 : quatre en haute-montagne (la Vanoise, les Pyrénées, les Écrins et le Mercantour), un en moyenne-montagne (les Cévennes), un dans un archipel (Port-Cros, au large du Lavandou) et un en outre-mer (la Guadeloupe).
La réforme de 2006 et la seconde vague de création de parcs
En 2006, une loi va venir réformer les parcs nationaux, dans l’objectif d’ouvrir le dialogue avec les collectivités territoriales, souvent opposées aux projets de parcs dans leur proximité.
La principale nouveauté est l’introduction d’une charte, que les communes aux alentours pourront accepter ou non, afin de former une “aire d’adhésion” au parc national. Construite en concertation avec les différents acteurs du territoire, cette charte permet d’impliquer davantage les populations locales et de créer une continuité écologique.
Suite à cette réforme, quatre nouveaux parcs nationaux seront créés : en Guyane (2007), à La Réunion (2007), dans les calanques de Marseille (2012) et, récemment, dans les forêts de Champagne et Bourgogne (2019).

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Les parcs nationaux de France avec Arts & Vie
Le parc national des Écrins
Glaciers, lacs d’altitude et hauts sommets enneigés, torrents, vallées verdoyantes et pâturages fleuris : voici les promesses du parc national des Écrins. Entre Isère et Hautes-Alpes, sept vallées à l’identité marquée sont protégées par le parc, qui a notamment permis la réintroduction du bouquetin des Alpes.
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Le parc national des Calanques
Le fabuleux massif des Calanques, avec ses falaises abruptes et ses criques sublimes, est protégé par l’appellation parc national depuis 2012. Le parc, qui comprend les calanques, mais aussi les archipels du Frioul et de Riou, l’île Verte et le cap Canaille, ainsi qu’une aire maritime, permet de protéger cet écosystème particulièrement riche et fragile, notamment face à la pression urbaine liée à sa proximité avec Marseille.
À découvrir avec l’escapade en France : Marseille et les calanques de Cassis
Le parc national de la Guadeloupe
Le parc national de la Guadeloupe s’étend sur la quasi-totalité de Basse-Terre ainsi que sur une belle partie de Grande-Terre. Il a vocation à protéger son massif montagneux et sa forêt tropicale qui abritent une biodiversité très riche, dont une faune et une flore endémiques. Les fonds marins font également l’objet d’une étroite surveillance afin de préserver l’écosystème fragile des récifs coralliens.
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Le parc national de La Réunion

Représentant presque la moitié de la superficie de l’île, le parc national de La Réunion est situé en son centre. C’est là que s’y concentrent ses richesses naturelles : les cirques de Mafate, de Salazie et de Cilaos ainsi que le Piton de la Fournaise. C’est également une réserve importante de la biodiversité : de par son caractère insulaire, La Réunion abrite de nombreuses espèces endémiques, végétales comme animales.
À découvrir dans le circuit à La Réunion : Balades à La Réunion
Pour en savoir plus :
Une série de 4 épisodes sur l’histoire du parc de la Vanoise, sur France Culture
99 Luftballons de Nena, un hymne à la paix sur fond de Guerre Froide
Par Flavie Thouvenin

Il est de ces chansons qui se font le témoin d’une époque, des pages les plus sombres d’un chapitre de l’histoire que l’on s’impatientait de tourner mais dont les paroles continuent, bien des années après, de résonner dans la mémoire collective. Aujourd’hui encore, dès les toutes premières notes et ses premières paroles (« Hast du etwas Zeit für mich ? Dann singe ich ein Lied für dich », vous vous souvenez ?) , 99 Luftballons rappelle à notre souvenir les années 80 dans leur splendeur, dans toute leur nostalgie comme dans leurs moments les plus obscurs…
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Naissance d’un tube
Sortie en 1983 en Allemagne de l’Ouest, 99 Luftballons est une chanson du groupe Nena menée par la chanteuse au surnom éponyme, Gabriele Susanne Kerner, qui jouit depuis l’année précédente d’un petit succès national depuis son premier single, Nur geträumt. Lors de la préparation du premier album du groupe, l’idée initiale de 99 Luftballons est venue à Karlo Carges, le guitariste, qui en a écrit les paroles, après avoir assisté à un concert des mythiques Rolling Stones à Berlin-Ouest, en juin 1982 : à la fin de la performance des Stones, des ballons furent lâchés au-dessus de la foule et, alors qu’ils s’envolaient à l’horizon, vers Berlin-Est, Karlo s’était demandé ce qu’il adviendrait si les autorités est-allemandes les prenaient pour des missiles ennemis…
La Guerre Froide fait alors rage entre les blocs de l’Ouest (les américains et leurs alliés) et de l’Est – soviétique. L’escalade des tensions, à coup de menaces d’attaque nucléaire, fait craindre le déclenchement d’une guerre « chaude ». Alors que les soviétiques ont placé leurs missiles SS-20 aux frontières de l’Europe de l’Ouest, le bloc occidental répond par l’installation de missiles Pershing. Le monde entier retient son souffle, la crainte d’une Troisième Guerre mondiale est sur toutes les lèvres, et l’on ne passe pas loin lorsqu’en novembre 1983 : ce qui ne devait être qu’un exercice militaire de l’OTAN est pris au sérieux par l’Est et manque de peu de déclencher l’offensive…


Des ballons pour la paix
99 Luftballons raconte ainsi l’histoire de 99 ballons de baudruche, lâchés dans le ciel, suspectés d’être des vaisseaux extraterrestres ennemis par un général d’armée, le Captain Kirk, qui envoie une flotte de pilotes à leurs trousses les investiguer et qui, les faisant abattre, marque le coup de départ d’une guerre mondiale dont personne ne sortira vainqueur. La chanson prend fin lorsque le narrateur, marchant sur les ruines du monde, après 99 ans de guerre, découvre un unique ballon, rescapé des combats…
Critique acerbe des deux blocs et leurs dirigeants, condamnant les peuples à la menace constante d’un nouveau conflit destructeur, Nena livre un chant engagé pour la paix qui devient bientôt un tube planétaire. Une rareté pour une chanson rédigée dans la langue de Goethe ! Si une version anglaise sort en mars 1984, le groupe s’en montre peu satisfait, les paroles ne bénéficiant pas d’une tradition directe, ce qui en modifie quelque peu le sens initial. Sur les ondes hertziennes, son refrain entêtant résonne, et c’est bien la version originale qui demeure préférée par le public, même hors des frontières de l’Allemagne, s’érigeant en tête des hit-parades européens mais aussi américains, arrivant en seconde position du Billboard, juste derrière le tube Jump de Van Halen.
Un air passé à la postérité
Fort de son succès initial, Nena réenregistrera 99 Luftballons à deux occasions : en 2002, d’abord, dans une version ballade pour son album solo Nena feat Nena, puis en 2009 dans une version retro rock pour la chaîne de télévision franco-allemande, accompagné d’un clip d’animation (où le Captain Kirk prend tantôt les traits de George W. Bush, tantôt ceux de Vladimir Poutine, comme un pied de nez à la situation politique d’alors…).
Reprise également par de nombreux artistes dans les décennies suivantes, utilisée maintes fois au cinéma, dans les séries, le succès de la chanson n’en démord pas et demeure encore aujourd’hui, avec son air pop-rock aux rythmes marqués du son d’une batterie et un synthé si caractéristique des années 80, un indémodable dont les paroles ne perdent pas de leur portée, à l’heure où l’Europe se déchire de nouveau à l’Est… un hymne à la paix qu’on ne se lasse pas de réécouter.
En savoir plus :
Le clip officiel de 99 Luftballons de Nena :
L’émission Karambolage d’Arte revient sur l’histoire de la chanson :
La version 2009 enregistrée par Nena pour Arte, et son clip animé :
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La Grande-Bretagne, de Shakespeare aux Beatles
Par Marie Lagrave
De l’autre côté de la Manche, à quelques heures de train de Paris, la Grande-Bretagne vous invite à un dépaysement total. Une capitale foisonnante et éclectique, des compagnes bucoliques ponctuées de charmants jardins à l’anglaise, des landes sauvages à la beauté singulière, et partout, de grands châteaux et de belles demeures qui retracent l’histoire de la monarchie anglaise… Au fil de ses 4 nations (Angleterre, Écosse, pays de Galles et Irlande du Nord) au caractère bien trempé, c’est un voyage tout en contrastes qui vous attend : Shakespeare ou les Beatles, pubs à l’ambiance enflammée ou tea time royal, pourquoi choisir ?
CARTE D’IDENTITÉ
Capitale : Londres
Superficie : 246 690 km2
Nombre d’habitants : 67 886 000 habitants (en 2020)
Fuseau horaire : GMT en hiver et GMT+1 en été (une heure de décalage horaire avec la France)
Monnaie : la livre sterling (GBP)
Langues : l’anglais est la principale langue officielle, mais plusieurs langues régionales sont également reconnues : le cornique, le gaëlique écossais, le scots, le gaëlique irlandais, le scots d’Ulster, et le gallois
Météo : la Grande-Bretagne est réputée pour son climat pluvieux et ses températures fraîches par rapport aux nôtres, mais d’importantes disparités existent. Le climat au sud est bien plus doux qu’au nord, et l’est reste généralement plus sec que l’ouest. En outre, les pluies sont souvent de courte durée et, grâce au Gulf Stream, les hivers sont rarement très froids.
LES INCONTOURNABLES DE LA GRANDE-BRETAGNE
Le British Museum à Londres
Bien sûr, la capitale regorge de musées prestigieux : la National Gallery, les Tate Modern et Tate Britain, le Victoria and Albert Museum, le Museum d’histoire naturelle… Mais s’il fallait choisir de n’en visiter qu’un seul, ce serait sans doute vers le British Museum que se porterait notre choix. C’est l’un des plus grands musées au monde, et ses collections, d’une richesse et d’une diversité sans pareilles, permettent de retracer 2 millions d’années d’histoire au travers des 6 continents. Les collections égyptienne et gréco-romaine, notamment, sont tout à fait exceptionnelles et renferment de véritables trésors de l’histoire de l’humanité, comme la pierre de Rosette ou les fresques du Parthénon.
Les universités d’Oxford et de Cambridge


Les deux plus anciennes et prestigieuses universités du Royaume-Uni méritent amplement une visite. Fondées respectivement à la fin du XIe et au début du XIIIe siècle, elles accueillent encore aujourd’hui des milliers de brillants étudiants venus du monde entier. Si Oxford a su conserver son architecture principalement gothique, où l’atmosphère médiévale est toujours perceptible ; Cambridge présente des styles plus éclectiques : gothique, baroque et néo-classique s’y côtoient. À Oxford comme à Cambridge, néanmoins, collèges, cloîtres, chapelles, bibliothèques et musées se succèdent et nous plongent dans les plus hauts lieux du savoir britannique.
Les vestiges de l’abbaye de Fountains et le parc de Studley Royal
Dans le Yorkshire, tout près de la petite ville de Ripon, se trouve un site doublement fascinant. On y trouve tout d’abord les impressionnants vestiges de l’abbaye cistercienne de Fountains, fondée en 1132, témoignant de l’opulence du lieu aux XIIe et XIIIe siècles. Par la suite, afin de sublimer cet endroit déjà spectaculaire, fut créé au XVIIIe siècle le parc paysager de Studley Royal. D’époque géorgienne, c’est l’un des plus somptueux jardins d’eau d’Angleterre. Ses canaux et bassins, ses cascades et statues offrent une superbe perspective sur les ruines de l’abbaye. L’ensemble est aujourd’hui classé à l’Unesco.
Le Royal Mile d’Édimbourg

Inscrite au patrimoine mondial de l’Unesco, la ville d’Édimbourg, capitale de l’Écosse, ravira les amateurs de vieilles pierres. Le Royal Mile, artère principale de la vieille ville (Old Town), en est le cœur historique. Nommé ainsi en raison de sa longueur, équivalente à un ancien mile écossais (1,814 km), il est encadré par le château d’Édimbourg, ancienne demeure des rois d’Écosse, et par le palais de Holyrood, actuelle résidence officielle de la famille royale d’Angleterre. Constitué en réalité d’une succession de rues (Castle Esplanade, Castle Hill, Lawnmarket, High Street, Canongate et Abbey Strand), le Royal Mile est parsemé de monuments emblématiques (la cathédrale Saint-Gilles, le parlement…) et de ruelles étroites, les “closes”, dans lesquelles l’ambiance médiévale de la ville se fait particulièrement ressentir.

Le Loch Ness et les ruines du château d’Urquhart
Mythique, c’est le premier mot qui nous vienne à l’esprit lorsqu’il s’agit d’évoquer le Loch Ness, que les contes et légendes ont entouré de mystère. Au cœur des Highlands, dans un paysage à couper le souffle, composé de montagnes majestueuses, d’étroites vallées encaissées et de forêts sauvages, le plus connu des lochs d’Écosse s’étend sur 39 km de long, pour à peine 3 km de large. Les superbes ruines du château d’Urquhart, qui veillent sur le loch depuis plus de 1 500 ans, complètent ce tableau enchanteur qui bruisse encore des récits d’autrefois. En scrutant la surface des eaux, peut-être vous semblera-t-il apercevoir le fameux monstre qui habiterait les profondeurs du loch…
LE COUP DE CŒUR DE NOTRE SPÉCIALISTE
Yann Prunier, forfaitiste
« La City de Londres, poumon économique du pays, fourmille de buildings modernes et derniers cris réalisés par les plus grands architectes. Surplombant la Tamise, la tour du Sky Garden a des allures d’immense “talkie-walkie”. Elle offre une vue panoramique fascinante sur la capitale dans un cadre inattendu : un magnifique jardin tropical vous attend en haut de ses 160 mètres. Après avoir fait le plein de sensations sur la terrasse extérieure, on peut profiter d’un moment de détente en buvant un verre au Sky Pod en attendant le coucher du soleil. »

Découvrir tous les circuits Arts et Vie en Grande-Bretagne
par Emmanuelle Bons
Si la crise climatique, les questions énergétiques et l’urgence de repenser les pratiques touristiques occupent une large part de l’espace sociétal, il reste parfois difficile de saisir les conséquences concrètes et à courts termes de ces problématiques. Arts et Vie vous propose donc un tour du monde des trésors culturels mis en danger par la main de l’homme afin de poser un regard lucide et éclairé sur la planète. Loin de tout pessimisme, cette série d’articles a pour ambition de sensibiliser et d’alerter sur l’importance d’agir ensemble à tous niveaux pour freiner des phénomènes que l’on espère réversibles.
Il faut sauver Venise
La première étape de notre parcours à la rencontre des sites culturels en danger sera tout simplement Venise. Toute proche de nous, la cité des Doges vient rappeler la fragilité de certains patrimoines et l’ampleur de la tâche à accomplir. Victime de sa beauté, de son prestige mais aussi des troubles climatiques qui déséquilibrent les écosystèmes, la Sérénissime mène aujourd’hui de multiples actions qui, on peut l’espérer, sauveront la ville d’une mort annoncée.
À lire également : notre fiche pays sur l’Italie

“On a fait couler tellement d’encre sur Venise qu’elle se noie” (Sylvain Tesson)
Durant des siècles, la cité des Doges fascina tous ses visiteurs par son faste et sa magnificence. Mais tant de beauté l’a rendue vulnérable. En 1966, le monde découvrit avec effroi que la Sérénissime courait un véritable danger. Cette année-là, une inondation record – le niveau d’eau monta d’1,96 m – provoqua un vent de panique au sein de la population, mais aussi une véritable prise de conscience de la fragilité de la ville. Si Venise a toujours connu des périodes d’acqua alta 8 à 10 fois par an en fonction de l’intensité des marées, de la pression atmosphérique ou de la force du vent, le phénomène s’est fortement accentué en l’espace d’un siècle et l’eau vient maintenant recouvrir quais et places une bonne centaine de fois entre septembre et avril.
Cette montée des eaux inquiétante n’est que la conséquence visible de plusieurs facteurs naturels et humains qui ont pris une ampleur considérable. Tout d’abord, la nature des sols de Venise entraîne un tassement inéluctable de l’ensemble des terrains, de 4 cm par siècle ; à cela s’ajoute l’affaissement dû au pompage, les cinquante dernières années, de la nappe phréatique par les industries environnantes ; et l’augmentation générale du niveau de la mer et des océans de la planète. Le tout cumulé, les experts ont mesuré une élévation des eaux de près de 23 cm depuis 1897 !
Outre les dégâts les plus visibles et les plus dramatiques pour les Vénitiens, obligés d’évacuer régulièrement habitations et commerces, les conséquences de ce phénomène sont très lourdes pour la ville. Le niveau de l’eau dépassant à présent la partie des murs isolée grâce à la pierre d’Istrie, elle vient maintenant s’immiscer dans la brique, beaucoup plus poreuse, où elle dépose des cristaux de sel qui la rongent de l’intérieur. Les fastueux palais et les monumentales églises se trouvent donc menacés par une érosion que le remous causé par les bateaux à moteur amplifie considérablement.
Opération de sauvetage
Si l’inondation historique du 4 novembre 1966 fut un événement déclencheur dans la prise de conscience de l’opinion publique internationale, les réactions concrètes mirent des décennies à se mettre en place. En 1973, le gouvernement italien déclara le problème de Venise “intérêt national prioritaire” et un concours d’idées fut lancé pour tenter de remédier de façon durable à cette noyade attendue.
Il fallut cependant attendre 2003 pour que débute un chantier colossal, visant la construction d’immenses barrages mobiles immergés au niveau des trois embouchures de la lagune vers l’Adriatique. Ce projet, nommé MOSE (MOdulo Sperimentale Elettromeccanico), devrait permettre de “fermer” la lagune pour quelques heures, voire quelques jours, en cas de montée des eaux trop importante. Cependant, ce programme, qui s’est achevé en 2020 et qui coûta des milliards à l’État fut, et est toujours, sujet à de nombreuses controverses. Beaucoup considèrent que ces portes mobiles ne sont qu’une solution très éphémère à un problème qui ne fait que croître avec le temps.
De plus, bloquer le passage des eaux de la lagune vers la mer pendant une période relativement longue posera sans doute des problèmes d’oxygénation de l’eau et d’évacuation des eaux usées, naturellement effectuées par les marées. Il convient d’ajouter en outre que les fleuves venus des Alpes, qui se déversent dans la lagune, risqueraient de faire également monter le niveau si leur évacuation vers l’Adriatique se trouvait obstruée ! À ces considérations techniques s’ajoutent également des questions purement politiques, dans un pays souvent en proie à de violentes polémiques.
L’adieu aux géants des mers

Durant des décennies, il n’était pas rare en flânant place Saint-Marc de se retrouver nez-à-nez avec la façade colossale et immaculée d’un paquebot géant venus effleurer palais et églises. Des bateaux de croisière dépassant parfois plusieurs centaines de mètres de long osaient en effet autrefois traverser le canal de la Giudecca jusqu’au plus près de la célèbre basilique, pour permettre à ses passagers d’admirer les trésors de Venise sans même mettre un pied à terre.
Or les experts ont démontré que le remous des hélices et la pollution de l’air et des eaux générés par ce type d’embarcation faisaient courir un réel danger à cette cité si fragile. À titre d’exemple, en 2017, les 68 plus gros navires de tourisme qui ont traversé la ville ont relâché 27 tonnes d’oxyde de soufre, connus pour acidifier les environnements terrestres et aquatiques. De quoi alerter les autorités, inquiète de la survie de la cité.
Heureusement, depuis le 1er août 2021, les bateaux de plus de 25 000 tonnes n’ont plus le droit de traverser le centre historique de Venise et sont contraints de s’amarrer dans le port industriel de Marghera. Après une lutte qui aura duré près d’une dizaine d’année, un simple décret du président du conseil italien, déclarant le canal de la Giudecca “monument national”, aura suffit à mettre fin à ce chassé-croisé.
À présent seuls les plus petits bateaux, d’environ 200 passagers, pourront continuer à accoster. Une règle très restrictive et courageuse lorsque l’on songe que les croisières génèrent 400 millions d’euros par an de revenus au niveau local. Cependant, la pression que l’Unesco a exercé sur la ville en menaçant de la classer sur la liste du patrimoine en péril n’est sûrement pas étranger à cette mesure. Ce répertoire bien peu flatteur aurait nuit à l’image de la ville et certainement engendré une perte de recettes sur le long terme.
Retrouvez tous les voyages Arts et Vie à Venise
« Jan van Eyck : une révolution optique »
Par Mathilde Briot
Alors que s’ouvre bientôt au Rijksmuseum d’Amsterdam une grande exposition dédiée à Vermeer, fortement attendue par tous les férus de peinture, je me souviens avec émotion d’une autre exposition-évènement, à laquelle j’ai eu la chance de pouvoir aller avec Arts et Vie. En 2020 se tenait en effet à Gand la plus grande exposition jamais consacrée à cet autre peintre flamand incontournable : « Jan van Eyck : une révolution optique ». À cette occasion, trois escapades Arts et Vie étaient programmées entre février et avril… Mais, rappelez-vous, le monde était alors inquiet et suspendu à l‘évolution de la crise sanitaire. La Covid se répandait et nous attendions les masques, espérions les vaccins… bref, dans ce contexte, sur les 25 inscrits, nous étions finalement seulement 14 téméraires et passionnés à partir pour l’escapade programmée du 10 au 13 mars 2020…
Gand et Jan van Eyck

Les deux premiers jours de cette escapade étaient consacrés à la découverte de Gand. Parmi les multiples merveilles de cette ville étaient notamment prévues les visites de la cathédrale Saint-Bavon – qui conserve le fameux polyptyque de L’Adoration de l’Agneau mystique peint par Van Eyck – et du musée des Beaux-Arts, dans le cadre de cette fameuse exposition.
L’exposition du musée des Beaux-Arts débutait par une présentation de la restauration des volets extérieurs du polyptyque, avec notamment les volets intérieurs originaux, Adam et Ève, dont la nudité et le réalisme ont longtemps fait scandale. Les deux panneaux ont en effet d’abord été enlevés et cachés, puis remplacés par une copie les représentant habillés, et ce n’est que très récemment que le polyptyque a retrouvé son apparence originelle.
La suite de l’exposition permettait d’observer la technique et les perspectives de l’artiste à travers plusieurs autres tableaux, mais également de comparer ses oeuvres à celles de ses contemporains. Cette exposition était véritablement exceptionnelle : alors que seules une vingtaine d’œuvres de Van Eyck sont conservées dans le monde, au moins la moitié d’entre elles avaient fait le voyage jusqu’à Gand. Elles y côtoyaient des œuvres de l’atelier de Van Eyck et des copies de tableaux aujourd’hui disparus, mais aussi plus de 100 chefs-d’œuvre du bas Moyen Âge. Non moins de treize salles du musée des Beaux Arts avaient été réaménagées à cet effet.
Et surtout, ce 11 mars 2020, nous étions très peu nombreux dans les salles. Le guide du musée a ainsi pu passer du temps à nous commenter les tableaux, en insistant sur des détails, parfois minuscules, que nous n’aurions bien sûr pas pu apprécier s’il y avait eu foule. Ce fut ainsi une visite quasi-privatisée de l’exposition, qui nous permis de profiter d’une extraordinaire proximité avec les œuvres du grand maître flamand. Nous étions aux anges !

Bruges et le coronavirus
Après Gand, notre escapade s’est poursuivie à Bruges dont nous avons pu arpenter le centre-ville le troisième jour de notre circuit. Le virus se montrait cependant de plus en plus menaçant et la Belgique a alors annoncé fermer ses restaurants pour le lendemain soir, le 13 mars à minuit, pour une durée de trois semaines. Cette annonce n’impactait à priori pas la suite de notre programme puisque notre retour à Paris était prévu en fin d’après-midi. Nous étions donc toujours très optimistes et nous nous réjouissions à l’idée de visiter les musées Memling et Groeninge dans les mêmes conditions que l’exposition Van Eyck.
Le 13 mars, pour notre dernier jour donc, nous nous sommes rendus avec notre guide au musée Memling pour son ouverture à 9 h 30, et patatras ! Sans aucun panneau indicatif, les portes du musée sont restées fermées… ainsi que celles du Groningemuseum. La fermeture des musées, sans annonce officielle, précédait en fait celles des restaurants ! Nous avions donc été extrêmement chanceux avec l’exposition Van Eyck car elle avait, quant à elle, fermé prématurément ses portes dès le 12 mars.

Il nous fallait cependant occuper notre journée jusqu’au soir, sans un seul musée ouvert. Notre guide a alors confirmé son professionnalisme et sa connaissance de la ville : « Les musées sont fermés ? Eh bien, nous visiterons les églises ! »
Nous avons ainsi découvert la cathédrale Saint-Sauveur, l’église Saint-Basile et l’église Saint-Jacques, dont plusieurs tableaux pourraient eux aussi figurer dans les musées : La légende de sainte Lucie (1480) d’un primitif flamand anonyme, le triptyque Van Joos van Belle (1556) de Pieter Pourbus, l’épitaphe de Van Zeger van Male (1578) peinte par Pieter Pourbus, et une Vierge à l’enfant de Luca della Robbia. Ces œuvres ont ainsi permis à notre guide de nous rappeler les liens entre « l’Italie » et les Flandres.
Notre dernier jour fut ainsi totalement chamboulé par l’actualité sanitaire, mais brillamment aménagé par notre guide. Et puis Bruges n’étant pas si loin, il nous suffira d’y revenir quand les musées rouvriront ! Nous avions au moins pu profiter de l’exposition-évènement Van Eyck, qui, elle, ne sera sans doute pas réorganisée de sitôt !
Nous sommes rentrés comme prévu le 13 mars au soir à Paris, tous enchantés par cette escapade. Le 14 mars au soir, les restaurants fermaient en France et le confinement généralisé démarrait le 17 mars… nous avions alors tout le temps de revoir l’exposition avec la visite virtuelle proposée par le musée des Beaux-Arts (encore visible aujourd’hui).
Découvrir nos circuits en Belgique et aux Pays-Bas : Sur les traces des maîtres flamands, Flâneries flamandes et Amsterdam célèbre Vermeer
En savoir plus :
À l’occasion de l’exposition-évènement Vermeer à Amsterdam, nous offrons à nos adhérents une conférence en ligne sur Vermeer, présentée par Nadège Monnéger, guide-conférencière. Pour y assister, rendez-vous dans votre espace adhérent mercredi 25 janvier 2023, à 17 h 30. La conférence restera visible pendant ensuite deux semaines.
Le panforte, pour un Noël aux saveurs de Toscane
Par Marie Lagrave

Parmi nos diverses réjouissances liées aux célébrations de fin d’années, il en est une qui prend une place toute particulière, ravissant petits et grands : le repas de Noël (voire, bien souvent, les repas de fêtes). À cette occasion, bien souvent cuisiniers et cuisinières se plient en quatre pour composer un véritable festin aussi riche que savoureux. Chez Arts et Vie, fidèles à notre amour des cultures du monde entier, nous vous proposons d’aller jeter un coup d’œil aux traditions culinaires à l’extérieur de nos frontières afin de puiser de l’inspiration pour vos menus...
La gastronomie italienne, dont on n’osera ici rappeler les mérites, s’invite très fréquemment dans nos assiettes au quotidien, mais peut aussi apporter un soupçon d’originalité et un subtil parfum d’ailleurs à nos traditionnelles dindes aux marrons et buches glacées. Si le panettone a ainsi depuis longtemps traversé la frontière des Alpes (et bien d’autres) pour s’installer à nos tables en période de fêtes, on trouve cependant beaucoup moins facilement en France de panforte, sorte de nougat aux fruits confits et aux épices, originaire de Sienne. Ce « pain fort », au goût très parfumé, est pourtant dégusté au moment de Noël depuis le Moyen Âge en Toscane. Facile à réaliser, cette petite douceur pourra sans mal faire patienter les plus gourmands jusqu’au dessert.
À lire également : notre fiche pays sur l’Italie

Ingrédients :
- 100 gr d’amandes entières (avec la peau)
- 100 gr de noisettes entières (avec la peau)
- 200 gr de fruits confits mélangés
- 100 gr de figues séchées
- 25 gr de gingembre confit
- 100 gr de miel
- 50 gr de farine
- deux cuillères à café de 4 épices (coriandre, cannelle, muscade et clou de girofle)
- un peu de poivre
- une pincée de sel
- du sucre glace à saupoudrer généreusement
Recette :
Dans une poêle, faire torréfier délicatement les noisettes et les amandes, puis hachez-les grossièrement.
Hachez finement les fruits confits, le gingembre et les figues séchées.
Dans une petite casserole, mélangez le miel, la farine, les épices, le poivre et le sel. Faites chauffer jusqu’à obtenir un mélange homogène.
Éteindre le feu, ajouter les noisettes et les amandes, les fruits confits, le gingembre et les figues séchées de manière à bien les enrober.
Déposer du papier cuisson dans un large moule, puis versez-y votre préparation.
Faire cuire au four à 150° C pendant 30 mn.
Sortez le panforte, attendez un peu et démoulez. Laissez refroidir, puis saupoudrez généreusement de sucre glace. Vous pouvez ensuite le déguster ! Dans un emballage bien fermé, le panforte se conserve plusieurs jours sans problème, mais encore faut-il qu’il en reste…
À découvrir lors de nos circuits et séjours en Italie
Par Flavie Thouvenin
Régulièrement classée parmi les villes les plus agréables à vivre (cette année encore, elle est arrivée à la deuxième place du classement mondial établi par The Economist !), Copenhague laisse incontestablement un petit goût de reviens-y dans la bouche du touriste qui s’y aventure. Avec son agréable centre-ville pavé de rues piétonnes, ses nombreux espaces verts, cette capitale à taille humaine séduit autant pour ses clichés de carte postale (le fameux petit port de Nyhavn aux façades colorées, la célèbre Petite Sirène à l’ancre dans la baie, ou encore les jardins de Tivoli et leur vieux parc d’attraction au charme désuet) que pour son ambiance résolument paisible. Mais l’on ne saurait passer à côté de ses richesses culturelles ! J’ai profité de mon deuxième séjour dans la perle de la Baltique pour visiter l’un des plus beaux musées du monde, la Ny Carslberg Glyptotek. Suivez-moi !

Carl Jacobsen, collectionneur passionné
À l’origine de la NY Carslberg Glyptotek figure un collectionneur d’art, Carl Jacobsen, fils de Jacob Christian Jacobsen, fondateur de la célèbre brasserie danoise Carlsberg. Passionné d’art antique, en particulier la statuaire grecque et romaine, et friand d’art danois et français, Carl Jacobsen, qui a toujours eu à cœur de partager son amour pour l’art avec le grand public, expose d’abord, à partir de 1892, dans sa propre villa et ses jardins.
Bientôt, dit-on, les sculptures y sont plus nombreuses que les arbres !, et plusieurs extensions sont nécessaires afin d’accueillir les nouveaux venus d’une collection en constante expansion. Ainsi, en 1885, la maison-musée ne compte pas moins de 19 galeries !
La nécessité d’un nouvel espace se faisant sentir, Jacobsen décide alors de faire don de l’ensemble de ses collections à l’État danois et la ville de Copenhague, à la condition qu’on lui fournisse un lieu d’exposition. C’est ainsi que le 1er mai 1897, les portes de la NY Carslberg Glyptotek s’ouvraient.
La sculpture comme horizon
Après une première longue journée de déambulation à la redécouverte de la ville, me voilà nez-à-nez face à l’imposante façade de briques rouges et colonnes de granite du musée, d’inspiration Renaissance, dont la couleur contraste avec le ciel de cette grise journée d’automne. Mais c’est à l’intérieur qu’est le spectacle !
Cette première aile, conçu par l’architecte et ami de Jacobsen Vilhem Dahlerup – déjà à l’origine des travaux dans la villa du collectionneur –, abrite des collections de sculptures modernes danoises et françaises de 1800 à 1920. On y retrouve quelques grands noms de la discipline, notamment Jean-Baptiste Carpeaux et Auguste Rodin ou encore Thorvaldsen, grand maître de la sculpture danoise. Bustes, allégories, héros de la mythologie… puissance des corps, expressivité des traits, les œuvres exposées dépeignent les tourments de l’âme humaine avec finesse et émotion. Les salles font ainsi la part belle à l’inspiration antique, en vogue dans les salons parisiens de l’Académie des beaux-arts à la fin du XIXe siècle, que Jacobsen considérait comme le plus bel âge de la sculpture après l’Antiquité.


Le goût de l’antique
La visite se poursuit par la seconde aile du musée, inaugurée en 1906, et conçue dans le style néo-classique par un autre grand architecte danois, Hack Kampmann. Elle conserve quant à elle les collections antiques léguées par Carl Jacobsen en 1899. Là encore, la part belle est faite à la statuaire et sculptures égyptiennes, grecques et romaines se succèdent dans un enfilement de salles majestueuses. Pour les amateurs d’art comme les novices, c’est un trésor qui défile sous nos yeux !
Au blanc éclatant du marbre des sculptures contrastent le bleu roi ou le rouge franc des murs peints, les mosaïques des sols et les verrières des plafonds. Outre l’extraordinaire richesse et la beauté des collections, l’agencement et l’architecture intérieure du musée offre un écrin à la hauteur de ces témoignages du passé et font de la visite un émerveillement, à l’image du hall central bâti à la façon d’un temple antique, avec ses colonnades de marbre, ses rangées de statues, et conservant en son centre les vestiges d’une mosaïque d’une ancienne villa romaine. Un véritable voyage dans le temps !

L’art pour tous
À mi-visite, une pause s’impose ! Il faut dire que pour ça, le jardin d’hiver situé à la convergence des deux ailes principales, mérite à lui seul le détour ! Sous son large dôme de verre et de fer rappelant l’architecture industrielle en vogue à la fin du XIXe siècle, palmiers et plantes plus ou moins exotiques s’épanouissent autour d’une fontaine centrale, dans une ambiance mi-méditerranéenne mi-tropicale. Une curiosité que Jacobsen lui-même avait pensé comme le point central du musée : « J’espère qu’en hiver la végétation attirera les visiteurs, et qu’en voyant les palmiers peut-être s’attarderont-ils également sur les statues ». Le collectionneur avait à cœur de faire profiter ses précieuses collections au plus grand nombre, et pas seulement à un public de connaisseurs. Un pari qui semble réussi, à en juger par le nombre de touristes comme de locaux qui s’y pressent entre deux déambulations dans les salles d’expositions.


Le triomphe de la peinture
Dernière étape : l’aile la plus récente du musée, construite en 1996 par l’architecte Henning Larsen afin d’accueillir les collections de peinture moderne de Carl Jacobsen. Sur deux étages, la fine fleur de la peinture française du XIXe jusqu’au milieu du XXe siècle et l’âge d’or de la peinture danoise de la première moitié du XIXe s’exposent. Côté français : Manet, Courbet, Monet, Toulouse-Lautrec, Berthe Morisot, Cézanne ou encore Gauguin ; côté danois, Eckersberg, Købke… les chefs-d’œuvre s’enchaînent et l’enchantement prend le pas sur la fatigue qui commence doucement à pointer le bout de son nez. Natures mortes, portraits, paysages naturels ou urbains, impressionnisme, post-impressionnisme, notre visite se clôt en beauté ! C’est confirmé : que l’on soit fin amateur d’art ou simple touriste curieux, la Ny Carslberg Glyptotek est un incontournable de la capitale danoise à ne pas manquer !

Visitez la Ny Carslberg Glyptotek à l’occasion de notre escapade Copenhague à la Saint-Sylvestre et au cours de notre circuit Danemark découverte
Stupeur et tremblements
Par Christian Chenu

J’ai toujours été fasciné par les volcans et les manifestations sismiques, et j’ai beaucoup voyagé afin d’approcher de près certains des plus incroyables phénomènes géologiques de notre planète. Aussi, lorsqu’Arts et Vie, il y a quelques temps, m’a invité à accompagner un voyage en Islande, je fus absolument ravi. Situé entre les plaques tectoniques eurasienne et nord-américaine, ce pays connait une activité géologique intense, qui a, au fil des siècles, composé de sublimes paysages. De multiples phénomènes y sont observables : geysers, solfatares, sources d’eau chaudes, failles profondes, champs de lave, orgues de basalte, larges cratères… Les séismes y étant également très fréquents, j’espérais secrètement éprouver quelques secousses, sentir la terre trembler gentiment sous mes pas, ce que je n’avais encore jamais expérimenté. Ce voyage me réservait bien des surprises !
Voyages au centre de la terre
La beauté et l’étrangeté des phénomènes volcaniques sont pour moi une source inépuisable d’émerveillement. L’expérience la plus incroyable que j’ai vécue fut sans doute l’ascension du Stromboli – quand c’était encore possible – où j’ai eu la chance d’admirer en pleine nuit, au-dessus du cratère principal, le spectacle impressionnant des jets de lave en fusion crachés par le volcan à intervalles réguliers.

L’Italie a largement contribué à mes découvertes volcaniques : je me suis pris d’admiration pour le Vésuve, l’Etna, les îles éoliennes, sans oublier la Solfatare, près de Naples. Les anciens grecs avaient nommé ce lieu les champs Phlégréens (“champs ardents”) et les Romains le considéraient comme le domicile du dieu Vulcain et l’entrée des Enfers.
Mes voyages plus lointains m’ont également permis de découvrir le parc géologique de Waiotapu en Nouvelle Zélande, le volcan Bromo à Java en Indonésie, le parc national de Yellowstone aux États-Unis… Chaque fois, la terre m’a fait sentir – et cela sent parfois très mauvais – sa puissance et ma vulnérabilité.

Tant que cela ne se manifeste que par des odeurs nauséabondes, des fumerolles qui piquent les yeux, des lacs de boues sulfureuses bouillonnantes ou même des grondements sourds, les hommes ne s’en préoccupent pas trop, et ont même tiré parti, depuis l’Antiquité, de ces ressources provenant du centre de la terre. La plupart du temps, nous nous accommodons en effet très bien de ces phénomènes géologiques et c’est seulement quand la terre se fâche vraiment que cela devient problématique.

Des secousses attendues
Je n’ai jamais vécu de tremblement de terre – et vous allez peut-être me prendre pour un fou – mais c’est une expérience que j’aimerais beaucoup vivre (sans que cela me mette en danger, bien sûr). J’ai voyagé dans de nombreuses zones à forte activité sismique, mais mis à part un petit séisme de faible amplitude en Iran – que je n’ai pas ressenti parce que je dormais –, rien !
Alors, lorsque j’ai appris que je devais accompagner un voyage en Islande avec Arts et Vie, je me suis dit que cette fois-ci, avec un peu de chance, j’y aurai droit. Les circonstances me semblaient favorables, d’autant plus que deux semaines avant le départ, un volcan souterrain commença à se manifester. Rien à voir avec l’éruption du volcan Eyjafjallajökull en 2010 qui avait fichu la pagaille dans les lignes aériennes de tout l’hémisphère Nord, mais on pouvait tout de même “espérer” quelques séismes de forte amplitude (en dessous de 4 de magnitude, les Islandais n’y font même plus attention).

Nous étions en train de dîner à l’hôtel le deuxième soir de notre voyage, en compagnie du guide, quand soudain les murs du restaurant se sont mis à trembler, en même temps que résonnait un grondement sourd assez éloigné, comme dans les films catastrophes. Cela a duré une quinzaine de secondes. J’étais un peu inquiet, mais en même temps, ravi : nous n’étions que le deuxième jour du voyage et j’avais déjà eu mon séisme. Le guide consulta son smartphone et fut surpris de n’avoir aucune alerte des services de surveillance sismique. Il n’y eut pas de réplique et la nuit fut calme.
Un film catastrophe
Le lendemain matin au petit déjeuner, le guide m’expliqua pourquoi il n’y avait pas eu d’alerte… Le restaurant de l’hôtel avait un mur mitoyen avec une salle de cinéma où passait justement un film catastrophe au moment où nous dinions. Ce que nous avions entendu et ressenti étaient tout simplement les vibrations de la sono du cinéma ! J’étais, je l’avoue, un peu déçu, mais nous avons tous bien ri de cette méprise !
J’en ai profité pour citer le “grand philosophe” Jean-Claude Van Damme : “Si tu travailles avec un marteau-piqueur pendant un tremblement de terre, désynchronise-toi, sinon tu travailles pour rien.”
Deux jours plus tard le guide nous a tirés du lit pour nous faire admirer un autre spectacle magnifique qui me fit oublier toute ma frustration : une aurore boréale.
Découvrir les circuits Arts et Vie en Islande


Rosa Bonheur, l’exposition hommage

Article partenaire avec l’Objet d’Art
Par Constance Arhanchiague
Artiste acclamée de son vivant et internationalement reconnue, Rosa Bonheur tomba dans l’oubli après sa mort en 1899. À l’occasion du bicentenaire de sa naissance, le musée d’Orsay remet à l’honneur la plus grande peintre animalière du XIXe siècle, en présentant au public ses nombreux chefs-d’œuvre. Une exposition événement que l’on attendait depuis longtemps ! En 200 œuvres, parmi lesquelles des tableaux encore jamais montrés en France et des prêts de collectionneurs, le parcours donne à voir au public un large aperçu de la production de Rosa Bonheur, et éclaire le travail d’élaboration d’une œuvre originale.
Une artiste qui renouvela le genre de la peinture animalière
Observant et chérissant les animaux depuis sa plus tendre enfance, Rosa Bonheur disait qu’elle avait « pour les étables un goût plus irrésistible que jamais courtisan pour les antichambres royales et impériales ». À l’encontre de la tradition du grand portrait princier et des sujets historiques et mythologiques alors en vogue, Rosa Bonheur imposa ses peintures animalières et relégua l’humain au second plan, dans une approche novatrice.
Selon Sandra Buratti-Hasan, il est probable qu’elle ait choisi la peinture animalière en étant consciente qu’il y avait là un créneau à prendre. Aurait-elle pu se faire une telle place dans le genre de la peinture d’histoire compte-tenu de la concurrence ? Cette perspicacité n’est pas la moindre marque de son intelligence. Ses sujets champêtres et animaliers offraient alors à sa clientèle bourgeoise une peinture bien plus accessible intellectuellement que la peinture d’histoire, et très séduisante en raison de son enracinement dans des terroirs profonds, opposés à la société urbaine et industrialisée.
Si les sujets animaliers existaient déjà, Rosa Bonheur s’y consacra exclusivement, ce qui n’était pas le cas de ses prédécesseurs, et se tailla ainsi une place privilégiée dans un genre tardivement reconnu.

Le choix du réalisme pour « capturer l’âme »
Deux camps s’opposaient alors dans la représentation de l’animale : d’un côté les romantiques qui livraient des portraits sensibles voire psychologiques, et de l’autre les réalistes qui privilégiaient une représentation descriptive, visant à saisir l’animal de manière neutre selon des codes qui prévalaient dans les pastorales et les scènes de labourage. Loin d’un romantisme lyrique et à bonne distance de la dureté d’un Courbet, Rosa Bonheur développa une œuvre d’un réalisme mesuré, compatible avec ce que fut le goût de la peinture non seulement des institutions artistiques du Second Empire et de la IIIe République, mais aussi de sa riche clientèle européenne et américaine.
Durant toute sa carrière, elle s’est intéressée à l’animal dans son environnement, à rebours du pittoresque ou de l’anecdote, pour entreprendre de traduire le « sentiment vrai de la nature ». Son attention extrême portée au mouvement et aux expressions des bêtes fit dire à Théophile Gautier, s’extasiant devant ses taureaux du Cantal : « quelle vérité et quelle observation parfaite ! ».

Sa volonté de peindre fidèlement les caractères physiques et les attitudes des animaux sans trahir les espèces se nourrit d’apprentissage et de travail. L’exposition en rend bien compte, en associant aux toiles grand format des études préparatoires. Rosa Bonheur multiplia les croquis, études, et ébauches. Elle utilisa même la photographie qu’elle pratiqua un peu elle-même, pour se documenter davantage sur la vie animale.
Considérant que les animaux avaient une âme qui légitimait l’attention qu’on devait leur prêter, Rosa Bonheur individualisa ses sujets dans des œuvres qui s’apparentaient à des portraits, les représentant en gros plan, frontalement ou de profil, comme cette saisissante tête de lion au regard perçant. Elle observait tout particulièrement le regard des bêtes, considérant que « c’est là que se peignent les volontés, les sensations, les êtres auxquels la nature n’a pas donné d’autres moyens d’exprimer leurs pensées ». Elle disait elle-même qu’elle voulait devenir la « Vigée Lebrun des animaux », en référence à la grande portraitiste de Marie-Antoinette, montrant par là son ambition d’imposer ses peintures animalières avec la force du portrait et de dévoiler toute la puissance de l’âme animale.

Féministe avant l’heure
Femme de combats, Rosa Bonheur était une véritable légende en son temps. Avant toute chose elle s’est battue pour pouvoir devenir artiste et vivre de sa peinture dans un contexte où les institutions artistiques étaient dominées par les hommes.
Bataillant pour légitimer ce statut de femme peintre et s’affirmer comme l’égale de ses confrères hommes, elle transgressa les codes de son époque pour vivre farouchement libre dans un siècle encore très corseté, devenant ainsi une figure de l’émancipation des femmes. Elle refusa notamment de se marier et partagea sa vie affective pendant plus de cinquante ans avec son amie d’enfance Nathalie Micas, troqua la robe pour le pantalon, porta les cheveux courts et fuma le cigare…
La ménagerie du château de By
Autre aspect qui contribua à sa légende, elle vécut pendant plus de quarante ans au milieu d’une ménagerie, composée d’animaux domestiques, sauvages et agricoles. En 1860, elle s’installa dans une vaste demeure en lisière de la forêt de Fontainebleau, le château de By, où elle logea une véritable arche de Noé : chiens, moutons, bœufs, chevaux, sangliers, cerfs, et même une gazelle et un couple de lion. Brouillant complètement la frontière entre animaux sauvages et domestiques, elle nomma sa jument « Panthère » et son cerf « Jacques ».

Par l’ampleur de sa ménagerie, elle s’est libérée des contraintes qui pesaient auparavant sur les artistes animaliers. Alors que ses prédécesseurs travaillaient d’après des animaux morts ou en captivité, au Jardin des plantes par exemple, n’instaurant aucun dialogue avec leurs sujets dont la réactivité et le regard étaient éteints, Rosa Bonheur put à l’inverse continuellement les observer et en saisir des attitudes singulières. Elle habitua même les animaux à sa présence, en lisant longuement le journal dans le parc aux cerfs ou nourrissant elle-même ses lions qu’elle avait domestiqués et qui vivaient en dehors de leur cage.
Des commandes de l’État français à la renommée internationale
Après des envois remarqués au Salon qui lui valurent une très bonne réception critique, Rosa Bonheur reçut plusieurs commandes officielles de l’État.

La première, le Labourage nivernais, deviendra l’un de ses chefs-d’œuvre. Dans cette toile monumentale, le lien avec le message républicain qui valorise le travail agricole et la richesse de la terre nourricière est évident. Alors que les bouviers et le laboureur sont dissimulés au second plan, les bœufs, massifs et puissants, apparaissent comme les héros de ce tableau qui glorifie le règne animal. Plus que l’homme, c’est l’animal qui travaille et qui souffre, épuisé par le joug et l’ascension de la colline.
Pour sa deuxième commande officielle, Rosa Bonheur voulut proposer Le Marché aux chevaux, que l’État refusa lui préférant un nouveau sujet rural, mais qu’elle présenta au Salon de 1853. Cette toile suscita un très grand enthousiasme auprès de la critique qui exempta définitivement Rosa Bonheur de soumission de ses envois.

of Art, New York
Après avoir remis à l’État La Fenaison en Auvergne dont elle n’était pas satisfaite, Rosa Bonheur choisit de quitter le Salon pour se tourner exclusivement vers le marché de l’art, ce qui lui permit de très bien vivre mais la fit peu à peu sombrer dans l’oubli en France.
Un triomphe à l’étranger
Elle s’associa aux marchands et collectionneurs les plus éminents pour dominer le marché de l’art et conquérir son indépendance financière et morale. Ernest Gambart devint avec les Tedesco l’un des principaux promoteurs de sa peinture à l’étranger. Depuis Londres où il s’était établi, et d’où il valorisait son œuvre animalière, il entreprit de la rendre célèbre outre-Atlantique. Rosa Bonheur connut alors un succès international et compta parmi les artistes les plus convoités et les plus chers de son époque.
Ultime consécration, elle fut décorée par l’impératrice Eugénie elle-même de la légion d’honneur, avec laquelle elle choisit de poser pour la postérité, devenant ainsi la première femme artiste à recevoir une telle distinction. Toute sa vie Rosa Bonheur fut sensible aux honneurs qu’elle reçut au cours de sa carrière et qui furent nombreux. Elle voulait être la meilleure dans son domaine, pour être digne et fière de son statut de femme peintre, destin qu’elle accomplit parfaitement.

Pour aller plus loin :

-le
Le Dossier de l’Art n°299 sur Rosa Bonheur, écrit par l’historien de l’art Bernard Tillier, professeur à l’université Paris I Panthéon.
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Nouveauté ! Pour plus d’articles, retrouvez également l’Objet d’Art sur le site : actu-culture.com
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JEU CONCOURS
Quelle personnalité américaine, figure mythique de la conquête de l’Ouest, devint l’ami de Rosa Bonheur et lui inspira plusieurs toiles ?
Merci d’adresser votre réponse à : abonnement@faton.fr, en indiquant votre nom et adresse, et en précisant dans l’objet « Concours Arts & Vie – Rosa Bonheur », avant le 1er décembre 2022.
Les cinq premières bonnes réponses gagneront le catalogue raisonné du fonds de Rosa Bonheur conservé au château de Fontainebleau (à commander sur www.faton.fr).

« Frida Kahlo, au-delà des apparences »
Par Marie Lagrave

Depuis le 15 septembre, une foule plus dense qu’à l’accoutumée se presse aux abords du Palais Galliera, le musée de la Mode de la ville de Paris, situé dans le XVIe arrondissement. Il faut dire que le musée présente en ce moment – et jusqu’au 5 mars – une exposition dédiée à l’immense peintre mexicaine Frida Kahlo. Musée de la mode oblige, il n’est ici pas tellement question de ses tableaux, restés pour la plupart au Mexique ou aux États-Unis, mais bien davantage de la façon dont l’artiste a, toute sa vie durant, façonné son identité et son image, notamment au travers des robes traditionnelles mexicaines qu’elle aimait porter. Une exposition très attendue et fortement plébiscitée qui permet d’approcher l’intimité de Frida Kahlo, aujourd’hui devenue une icône internationale.
Conçue en étroite collaboration avec le Museo Frida Kahlo au Mexique, l’exposition dévoile plus de 200 objets provenant de la fameuse Casa Azul qui vit naître et mourir la célèbre peintre. Au fil des salles, on découvre des photographies la représentant, sa correspondance, les ex-votos qu’elle collectionnait, et bien sûr ses vêtements, bijoux et cosmétiques, ainsi que ses corsets et prothèses médicaux, transformés en véritables supports d’expression artistique. Quelques croquis et tableaux de l’artiste ponctuent le parcours, mais ils restent rares : ce n’est pas là le sujet de l’exposition. De même, si le nom de Diego Rivera, son mari, est bien sûr évoqué, on ne s’y attarde pas, et Frida Kahlo reste la star incontestée. L’exposition débute par un parcours biographique pour nous faire ensuite découvrir comment Frida Kahlo a composé son identité au travers de son handicap, de ses tenues et de ses portraits photographiques.
Une galerie courbe pour un parcours biographique

« Je suis née ici »
Arrivée au Palais Galliera, je m’arrête un instant pour apprécier son étonnante architecture qui oscille entre une géométrie rigoureuse côté jardin et sa façade sur rue en demi-cercle. Après un peu d’attente, j’accède à l’exposition : un court film de Frida Kahlo sert d’introduction, puis le parcours débute dans une longue galerie en courbe, un long couloir arrondi.
« Je suis née ici » : c’est quasiment par ces mots que le parcours de l’exposition commence, soulignant l’attachement de Frida Kahlo à ses racines et au Mexique. Les photos de famille se succèdent, dévoilant ses origines métissées, et montrant Frida enfant, prenant déjà la pose pour son père, photographe de métier. Mais l’enfance de Frida Kahlo, c’est aussi la poliomyélite, maladie qui atrophie sa jambe droite et dont elle gardera des séquelles toute sa vie ; puis son terrible accident de bus alors qu’elle n’a que 15 ans, et qui fera basculer toute son existence. Cet accident apparait d’ailleurs dans l’exposition par un dessin saisissant de Frida Kahlo, presque un croquis, où plusieurs scènes se superposent.
« Je suis née ici » représente également la Casa Azul, où Frida Kahlo naquit et vécut toute sa vie, si l’on excepte ses voyages. Après son mariage, elle y vit avec Diego Riviera, et si la maison accueille les amours et les discordes du couple, elle n’en reste pas un moins un refuge pour Frida Kahlo qui la décore avec soin. Parmi les objets présentés, la collection d’ex-votos notamment, attire mon attention. Source d’inspiration pour l’artiste, ils témoignent de sa passion pour l’art populaire, les thèmes religieux et les traditions mexicaines.
Voyages et correspondance
Le parcours continue, toujours dans cette étonnante galerie courbe, et m’entraine dans deux des voyages de Frida Kahlo. Frida suit tout d’abord Diego aux États-Unis, où ils séjourneront 2 ans, d’abord à New York puis à Détroit. Bien que fascinée par sa modernité, Frida apprécie peu le pays qu’elle surnomme « Gringolandia ». À Détroit, en outre, elle subit une fausse couche traumatisante. Elle peint cependant lors de son séjour plusieurs de ses chefs-d’œuvre.
Quelques années plus tard, Frida Kahlo est invitée à Paris par André Breton qui prépare une exposition en son honneur. Cependant, ses tableaux ne seront finalement exposés qu’au milieu d’autres œuvres mexicaines. C’est une grande déception pour l’artiste, qui dans sa correspondance, s’en prend vivement à Breton et aux surréalistes.
Ces deux voyages permettent néanmoins à Frida Kahlo de faire de nombreuses rencontres, et de lier des amitiés qu’elle entretient par une abondante correspondance. Les lettres échangées avec ses relations viennent clore ce parcours biographique.
De grandes salles pour comprendre la construction de son image
Infirmité et créativité

Après ce long parcours dans cette étroite galerie, j’apprécie les volumes de la salle qui s’ouvre ensuite, sans doute la plus poignante de l’exposition. Ici sont exposés, en ligne, différents corsets portés par Frida Kahlo. Soutiens de son corps brisé, réceptacles de sa douleur, ils témoignent de sa santé de plus en plus fragile. Portés tout au long de sa vie, ils font partie intégrante de sa personne : loin de chercher à les dissimuler, elle les a représentés et mis en scène dans nombre de ses tableaux, comme des allégories de ses souffrances. Certains sont également devenus des supports artistiques. Elle a peint sur l’un la faucille et le marteau, symboles de son attachement au Parti Communiste ; ici, le fœtus de l’enfant qu’elle n’a jamais pu avoir ; sur un autre, une colonne brisée, reflet de sa propre colonne vertébrale…

D’autres dispositifs médicaux sont également exposés, et notamment une prothèse orthopédique, utilisée après l’amputation de sa jambe droite. Admirablement conçue, elle figure une véritable jambe, ornée d’une magnifique botte rouge sur laquelle trône un dragon asiatique. Malgré son handicap, Frida Kahlo n’a en effet jamais cessé d’apporter un soin extrême à ses tenues. Elle les portait comme un véritable étendard de sa personnalité hors du commun, de sa mexicanité et de sa féminité.
Tenues et portraits photographiques

La salle suivante, justement, permet d’admirer quelques-unes des plus belles parures de l’artiste. Bijoux et cosmétiques s’exposent de part et d’autre tandis que de superbes robes trônent au centre de la pièce. La plupart sont des jupes et tuniques traditionnelles mexicaines, brodée de couleurs vives, emblématiques de la région de Tehantepec. L’amplitude des jupes permettaient à Frida de dissimuler ses jambes, tandis que les motifs chatoyants des tuniques mettaient en valeur son buste et la faisait paraitre plus grande. Ces tenues sont devenues un marqueur essentiel de l’identité de l’artiste, qui les portait jusqu’à son chevalet, ce dont témoignent photos et taches de peinture.
Habituée à poser pour son père dès le plus jeune âge, Frida Kahlo conserve ensuite le désir de se faire prendre en photo et de composer son image. Les portraits d’elle sont nombreux et extrêmement variés, pris par différents photographes. Dans cette salle habitée par ses robes, tout un pan de mur est consacré à ces photos. On y voit Frida parée de ses plus beaux atours, dont certains sont visibles dans la pièce. Ces portraits ont fait le tour du monde, et son image si reconnaissable a contribué à faire d’elle une véritable icône, internationalement reconnue.

À l’étage : des créations de haute couture inspirées par Frida Kahlo
Jusqu’au 31 décembre 2022, une exposition-capsule située à l’étage, permet de compléter le parcours. Dans cette dernière salle, sont exposées des créations de haute couture inspirées par l’artiste mexicaine. De nombreux créateurs de mode ont en effet voulu rendre hommage à son style unique, que ce soit au travers de robes d’inspiration tehuana, de motifs mexicains chatoyants ou par l’utilisation de corsets orthopédiques. Ce dernier espace permet de mesurer l’influence de l’artiste sur la mode contemporaine et d’apprécier la variété des interprétations de son style.
À découvrir lors de la journée culturelle : Le Mexique à Paris
Romancero gitano, de Federico García Lorca
Par Marie Lagrave

Avec son soleil brulant et son histoire tourmentée, sa culture profondément chrétienne et son héritage maure, l’Andalousie est définitivement une région d’Espagne à part. Sans doute personne n’a su dépeindre ses paysages de sierras et d’oliveraies et son peuple fier et passionné mieux que Federico García Lorca, poète et dramaturge andalou, écrivain essentiel de la langue espagnole. Les quelques 18 poèmes du recueil Romancero gitano*, l’une de ses œuvres majeures, célèbrent cette région de toréros et de gitans et forment un chant sublime et tragique en l’honneur de sa terre natale.
À lire également : notre fiche-pays sur l’Espagne
Federico García Lorca, poète et dramaturge andalou au destin funeste

Federico García Lorca nait le 5 juin 1898, à Fuentevaqueros, petite ville de campagne tout près de Grenade. Issu d’une famille aisée et cultivée, il grandit dans un environnement imprégné d’art et de littérature, mais conservera également de son enfance rurale un profond attachement à la terre, à l’Andalousie et son folklore. Il suit des études de lettres et de droit à Grenade, se passionne pour la musique et publie, dès 1918, son premier livre, Impressions et paysages, rassemblant divers textes en prose.
L’année suivante, il part pour Madrid et découvre l’activité culturelle foisonnante de la capitale. Il intègre un groupe de jeunes artistes et intellectuels parmi lesquels figurent Salvador Dalí, Luis Buñuel ou encore Rafael Alberti, et devient dans les années qui suivent l’un des chefs de file du groupe littéraire de la Génération de 27. S’il s’essaye alors sans grand succès au théâtre, il publie surtout plusieurs recueils de poésie qui font sa célébrité. La parution de Romancero gitano* en 1928, notamment, fait de lui le poète espagnol le plus lu de son temps.
Néanmoins, en contraste avec son succès fulgurant, la fin des années 20 est pour lui une période douloureuse : il sombre peu à peu dans une intense dépression, sans doute liée à la difficulté d’assumer son homosexualité dans une Espagne encore très conservatrice. Inquiets, ses proches l’envoient en 1929 aux États-Unis, où il y restera une année entière. Il y écrit l’un de ses plus grands chefs-d’œuvre : Poète à New-York.
Au moment de son retour en Espagne, en 1930, Primo Rivera, dictateur en place depuis 1923, quitte le pouvoir, ouvrant la voie à la Seconde République. Le nouveau gouvernement propose à Federico García Lorca de diriger un théâtre ambulant, « La Barraca », pour faire connaitre les pièces du répertoire classique aux zones rurales d’Espagne. Il accepte, se dédie au théâtre et rédige alors ses plus belles pièces, comme Noces de sang (1933), Yerma (1934) ou La Maison de Bernarda Alba (1936).
À l’été 1936, comme tous les étés, Federico García Lorca rejoint sa famille à Grenade. Mais après des mois de vives tensions politiques, une insurrection militaire et nationaliste éclate le 17 juillet : c’est le début de la guerre civile espagnole. Si la rébellion est rapidement étouffée à Madrid – en tout cas dans un premier temps –, Grenade tombe aux mains des nationalistes le 20 juillet. Federico García Lorca est alors une figure publique bien connue : intellectuel, fonctionnaire de la République, proche de socialistes et, qui plus est, homosexuel… Aussi, quoiqu’il n’ait participé à aucune action politique, il est activement recherché. Il est arrêté le 16 août et fusillé dès le 19 août 1936, à peine un mois après le début de l’insurrection, à l’âge de 38 ans. Ses œuvres, bien qu’interdites par le régime franquiste, continuent cependant d’émouvoir le monde entier. Au retour de la démocratie en Espagne, le poète et dramaturge andalou est pleinement réhabilité, et célébré pour sa créativité et son lyrisme.
Romancero gitano : le chant de l’Andalousie

Publié en 1928, Romancero gitano est l’œuvre qui lui fait véritablement accéder à la renommée, d’abord en Espagne, puis dans le reste du monde. Ce recueil est composé de 18 poèmes rédigés entre 1924 et 1927, reprenant la forme du romance traditionnel et inspirés des récits et légendes gitanes.
Le romance est une forme poétique tirée des chansons de gestes espagnoles. Les poèmes se composent d’octosyllabes où seuls les vers pairs portent la rime, qui est de plus assonancée (c’est-à-dire que la rime ne concerne que les voyelles). C’est une forme qui donne une grande liberté de composition mais dont la musicalité est très importante, parfois d’ailleurs accentuée par de multiples répétitions. Les romances dépeignent le plus souvent des épopées légendaires ou historiques, ou des histoires d’amour. Si cette forme poétique est très ancienne et fut principalement utilisée au XVe siècle, de nombreux auteurs plus contemporains de Lorca s’y sont également essayé.
À cette forme traditionnelle, Federico García Lorca associe la thématique du monde gitan, quintessence à ses yeux de l’Andalousie. Fortement attaché à sa région de naissance, Lorca ne cessera en effet de dépeindre l’âme et les souffrances des Andalous, les traditions populaires et la culture gitane, malgré d’acerbes reproches notamment de la part de son ami Dalí, qui l’accuse de régionalisme et de manque d’originalité.
Ces 18 poèmes sont de véritables chefs d’œuvres, qui transcendent les légendes gitanes par la beauté formelle du romancero et un symbolisme où l’on sent poindre la proximité du poète avec les avant-gardes et le surréalisme espagnol.
* Nous avons choisi de ne pas traduire ce titre, afin de conserver le terme de romancero qui renvoie à une forme poétique traditionnelle, issue des chansons de geste et typiquement espagnole.
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La Hongrie, trésor naturel et culturel au cœur de l’Europe centrale
Par Flavie Thouvenin
Au cœur de l’Europe centrale, entre les contreforts des Carpates, le long du bassin danubien, se love un pays à l’histoire millénaire dont la douceur de vivre et les richesses culturelles ravissent les voyageurs qui souhaitent s’écarter des sentiers battus. Ancien royaume des Magyars, peuple descendant des Huns, la Hongrie a connu des heures sombres, sous l’influence du régime nazi durant la Seconde Guerre mondiale puis dans le giron de l’URSS. Une histoire torturée dont elle s’est libérée en devenant le premier pays à sortir du joug soviétique, à son indépendance en 1989. En dehors de sa capitale, au flamboyant éclectisme architectural, son patrimoine historique et naturel remarquable gagne à être connu. On y observe les traces du passé dans les vestiges de ses forteresses, ses châteaux ; on y traverse d’authentiques petits villages au charme suranné ; on se prélasse en se glissant dans les eaux pures de ses bains thermaux ; on se balade dans ses plaines et ses forêts, sur les rives d’un immense lac ; sans oublier, bien sûr, de goûter à ses traditions culinaires, accompagné d’un verre de vin issu de ses nombreux cépages… Suivez le guide !
CARTE D’IDENTITÉ
Capitale : Budapest
Superficie : 93 000 km2
Nombre d’habitants : 9 771 827 habitants
Fuseau horaire : UTC/GMT+1 (pas de décalage horaire avec la France)
Monnaie : le forint
Langue : le hongrois
Météo : la Hongrie bénéficie d’un climat continental modéré, avec des étés chauds, voire très chauds (le pays compte l’un des taux d’ensoleillement les plus importants d’Europe !), et des hivers qui peuvent être rigoureux, souvent enneigés. La mi-saison, plus douce, se révèle idéale pour découvrir le pays, en particulier en mai et juin ainsi qu’aux mois de septembre et octobre.
LES INCONTOURNABLES DE LA HONGRIE
Budapest, la perle du Danube
Incontournable, Budapest, la capitale, est un véritablement enchantement pour tout amateur d’art, d’histoire et d’architecture qui, sitôt qu’il y pose le pied, ne sait plus où donner de la tête ! Du Parlement au pont des Chaînes, du château de Buda au bastion des Pêcheurs, en passant par la place des Héros et la basilique Saint-Étienne, sans oublier ses riches musées et ses bains thermaux aux fastueux décors Art nouveau (à admirer les pieds dans l’eau !)… la perle du Danube offre une suite sans fin d’émerveillement et un goût de reviens-y à tout voyageur qui foule ses pavés. Outre sa formidable richesse culturelle, c’est sa douceur de vivre et le charme de son éclectisme architectural qui font de la ville une des destinations les plus appréciées des touristes en Europe depuis plusieurs années.

Le lac Balaton
À environ 1 h de Budapest, le plus grand lac du pays et d’Europe central, le lac Balaton, la « petite mer hongroise », et sa région sont une destination incontournable tant pour les Hongrois que pour les touristes étrangers. Entre nature et culture, les activités ne manquent pas et en font la 2e destination touristique du pays après la capitale. Le lac et ses eaux turquoise offrent des moments de détente et de baignade dans un décor exceptionnel, et les sports nautiques qui s’y pratiquent ravissent les amateurs de sensations fortes. Surplombé par un massif volcanique, les rives du lac sont le terrain idéal pour des randonnées à pied ou à vélo, au cœur d’une nature préservée, dans le parc national du Haut Pays du Balaton.
Orgues basaltiques, champs de geyser, c’est un véritable spectacle géologique… et historique ! Forteresses médiévales, châteaux, abbayes… entre nature et culture, la région regorge de monuments historiques, de quoi contenter également les amoureux d’histoire.

Tokaj et sa région
La Hongrie, l’autre pays du vin ? Au nord-est du pays, à Tokaj et ses environs, les vignes s’épanouissent à perte de vue sur les pentes des collines verdoyantes : ici se trouve le cœur de la production viticole hongroise, dont la tradition de vinification remonte à plus d’un millénaire (le pays compte pas moins de vingt-deux régions productrices). La région de Tokaj est le berceau du vin éponyme – le tokaj – à la robe dorée et aux arômes fruités. Ce liquoreux, dont les traces remontent au XVIe siècle, fait la fierté du royaume de Magyar, qui l’évoque jusque dans son hymne officiel ! Populaire au-delà de ses frontières, il figurait dit-on parmi les vins préférés de Louis XV, d’où son surnom de « rois des vins, vin des rois ». Le vignoble est également inscrit depuis 2002 sur la liste du patrimoine mondial de l’Unesco, une reconnaissance qui finit d’assurer sa réputation.
Lors d’un séjour sur place, on suit la route des vins à la découverte de ce patrimoine culturel exceptionnel et on se délecte du nectar (avec modération !) en faisant le tour des nombreuses caves qui proposent une visite suivie d’une dégustation. Certaines, construites il y a plusieurs siècles, sont spectaculaires, construites sous la roche volcanique dans un véritable labyrinthe de tunnels comme les caves d’Oremus, dans le village de Tolcsva, ou bien enterrées sous plusieurs niveaux comme les caves de Hercegkút.
Le château de Gödöllő
Situé à une trentaine de kilomètres à l’est de Budapest, le palais royal de Gödöllő compte parmi les plus beaux joyaux architecturaux de la Hongrie. Construit au XVIIIe siècle pour la famille royale, il est surtout connu pour avoir été l’une des résidences préférées de l’impératrice Sissi qui aimait y passer les longs mois d’été loin des vicissitudes de la cour viennoise. Deuxième plus grand palais baroque au monde, c’est un véritable voyage dans le passé qu’offre sa visite, ses salons et chambres royales ayant retrouvé tout leur faste grâce à une remarquable rénovation entreprise à la suite du régime communiste. Une plongée dans l’intimité de l’impératrice que l’on complète d’une belle promenade dans le calme paisible de ses jardins.

Hollókő
À Hollókő, au nord de la Hongrie, à quelques kilomètres de la frontière slovaque, le temps semble s’être arrêté. Ce petit village aujourd’hui attraction touristique majeure du pays offre un exemple préservé de la vie rurale hongroise avant la révolution agricole et industrielle du XXe siècle. Classée à l’Unesco, la petite bourgade voit ses origines remonter au XIIIe siècle, construite au pied d’un château désormais en ruines.
Ce véritable musée à ciel ouvert comprend, parmi ses constructions les plus remarquables, une vieille église en bois du XVIe siècle, et une cinquantaine de maisons en pisé, blanchies à la chaux, aux toits en bardeaux de tuiles sombres, typiques des Palóc, groupe ethnique de la région dont les origines demeurent encore mystérieuses. Le village-musée compte encore aujourd’hui plusieurs centaines d’habitants qui continuent de faire vivre les traditions et le folklore de leurs ancêtres, défilant en costumes traditionnelles à l’occasion des grandes fêtes qui rythment le calendrier.
LE COUP DE CŒUR DE NOS SPÉCIALISTES
Flavie Thouvenin, assistante d’édition iconographe
« Entre deux visites de musées et de monuments historiques, il fait bon flâner à Budapest ! Car le spectacle se trouve aussi, et peut-être surtout, au détour de ses rues, dans les recoins de ses quartiers. Outre ses merveilles d’architecture, on y admire l’art urbain qui se développe tout particulièrement dans l’ancien guetto juif de Józsefváros. Ancien fief des artistes et des grandes figures de la littérature hongroise au tournant du XXe siècle, Józsefváros s’est vu délaissé sous l’ère communiste, entraînant la détérioration de ses bâtiments. Aujourd’hui, pourtant, c’est l’un des spots les plus en vue de la capitale !
Au charme indéniable des façades d’immeubles anciens se mêlent des fresques gigantesques réalisées par les meilleurs noms de la scène locale du street art. À chaque coin de rue, une nouvelle œuvre surgit. Un véritable musée à ciel ouvert que j’ai pu savourer par un après-midi d’avril après une pause gourmande au Café New York, assurément l’un des meilleurs souvenirs de mon séjour ! »
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Découvrir tous les voyages Arts et Vie en Hongrie
Un voyage culturel en Europe avec Arts et Vie vous mènera ainsi en son berceau, la Grèce. D’Athènes à Épidaure, de Cnossos à Cythère, et de Corfou aux Cyclades, vous retrouverez partout, aux frontons des temples comme dans les formes simples des maisons blanchies à la chaux, ce sens de la mesure harmonique qui fit de la Grèce antique un modèle esthétique pour des siècles. À Athènes, vous comprendrez le sens de l’eurythmie à la vue de l’Érechthéion ou du Parthénon et suivrez au musée de l’Acropole les grandes étapes de l’art grec, de la civilisation mycénienne à l’art hellénistique.
Faire un voyage culturel en Italie, c’est aller à la rencontre de l’ancien Empire romain qui régna sur le monde antique et de la Mère-Patrie des arts qui engendra la Renaissance. De Rome à Florence, de Venise à Sienne, une constellation unique d’artistes de génie produisirent des œuvres au rayonnement universel, des Primitifs du Quattrocento aux grands maîtres de la Renaissance, Léonard, Raphaël, Michel-Ange. L’Italie, c’est aussi Venise, cette ville surgie des eaux où se mêlèrent Byzance, l’Orient et le Gothique dans le palais de la Ca’d’Oro ou à la Basilique Saint-Marc. Tandis que l’on doit aux peintres vénitiens comme Giorgione ou Titien un modelé plus sensuel des chairs et une perspective atmosphérique obtenue par la couleur et par la lumière. Un voyage en Italie ne saurait oublier la baie de Naples, le Vésuve, Sorrente et la côte almafitaine, grand jardin suspendu sur la mer tyrrhénienne.
En France, Paris reste toujours Paris, avec ses hôtels particuliers du Marais des XVIIe et XVIIIe siècles au bel ordonnancement régulier, ses grands boulevards haussmanniens, ses musées aux collections exceptionnelles comme Le Louvre ou le musée d’Orsay, sa place de la Concorde et ses Champs-Élysées, ses quartiers de Montmartre ou de Montparnasse marqués par les Impressionnistes, les Fauves ou les Cubistes. La richesse culturelle de la France est aussi dans ses régions : vous irez à la découverte de la romanité en Provence, de la culture cathare autour de Carcassonne, de l’Alsace des marchés de Noël, mais aussi des grands festivals d’été comme ceux de Marciac ou de la Roque-d’Anthéron.
Ceux qui aiment le Sud profond feront un voyage culturel en Espagne ou au Portugal. L’Espagne est diverse, car elle fut ouverte aux nombreuses influences extérieures : celles de la civilisation romaine et de la civilisation arabe, celle de l’Italie, de l’Europe du Nord et de la France du Sud-Ouest. Puis c’est l’Espagne qui rayonnera sur l’Europe, avec le Siècle d’or, ses artistes majeurs, ses monarques absolus et les conquêtes de son immense empire colonial De la Catalogne à l’Aragon, de l’Estrémadure à l’Andalousie, un voyage culturel avec Arts et Vie vous fera voir cette Espagne aux multiples visages, qui s’enrichit de l’apport de la culture cistercienne comme de celui des princes omeyades en Andalousie. C’est à Madrid que l’Espagne du Siècle d’or connut un rayonnement sans pareil jusqu’au XVIIe siècle. Le musée du Prado en témoigne par la richesse exceptionnelle des œuvres venues du foyer andalou, celles de Ribera, de Zurbaran ou de Vélasquez.
Un autre génie de la peinture espagnole, Le Greco, a marqué l’art européen par la puissance de ses représentations. Vous le retrouverez à Tolède, au musée qui porte son nom, et dans l’église San Tomé. Le Greco a beaucoup influencé Picasso dont vous pourrez voir les œuvres à Barcelone. À Barcelone les architectures foisonnantes et organiques du mouvement moderniste imposeront leur forte présence, de Lluis Domenéch Montaner à Antoni Gaudí. Au Portugal, vous retrouverez les vestiges glorieux qui firent de ce petit pays l’une des principales puissances maritimes d’Europe et lui virent jouer un rôle majeur dans les Grandes Découvertes, grâce à des rois comme Henri le Navigateur ou Manuel Ier et des navigateurs comme Bartolomeu Dias et Vasco de Gama. Ainsi s’étendirent ses frontières bien au-delà des mers, jusqu’au Congo, au Cap-Vert et au Brésil. Si vous préférez le Nord, ses paysages et ses mythologies, Arts et Vie vous emmènera en Autriche, découvrir le rococo des églises et des palais ou admirer l’art de la Sécession viennoise, ses architectures nouvelles et ses peintres flamboyants comme Klimt ou Franz von Stuck.
En Allemagne, vous irez sur les traces nombreuses et glorieuses qui firent l’Empire carolingien, le Saint-Empire romain germanique, puis la monarchie des Habsbourg. En remontant le cours des fleuves comme le Rhin, l’Elbe, la Moldau ou le Danube, vous découvrirez les villes médiévales qui fascinèrent les romantiques. Ou visiterez Salzbourg qui vit naître Mozart et dont le centre à l’architecture baroque et italianisante, se caractérise par une profusion de flèches et de dômes eux-mêmes dominés par la silhouette monumentale et austère de la forteresse de Hohensalzburg.
Toujours plus au nord, vous pourrez choisir la ligne claire des pays scandinaves, dont les grands architectes et designers créèrent un nouvel art de vivre qui est toujours le nôtre. Plus à l’est, enfin, c’est la grande Russie. À Moscou, vous admirerez la Place Rouge et la forteresse du Kremlin entourée de ses nombreux palais et cathédrales sommés de bulbes d’or et de coupoles colorées. À Saint-Pétersbourg, vous découvrirez une « Venise du Nord » aux quatre-cents ponts et aux nombreux canaux, surgie des marécages en 1703 par la volonté visionnaire du seul Pierre Le Grand. À moins qu’une croisière au fil de la Néva ou de la Volga ne vous mène jusqu’en Carélie ou à la découverte des villes orientales comme Kazan la tatare ou Samara la turco-mongol.