Europe

La vieille Europe est toujours jeune et continue d’attirer des visiteurs venus du monde entier puiser aux sources d’une culture universelle. L’Europe est riche et diverse : redécouvrez-la avec Arts et Vie !

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Espagne
Fiche pays – Espagne
plaza mayor madrid espagne
La Plaza Mayor à Madrid © Madrid Destino Cultura y Negocio

L’Espagne, une mosaïque de cultures baignée par le soleil

Par Marie Lagrave

Il est difficile de résumer l’Espagne en quelques lignes, tant son identité est plurielle et son histoire complexe. L’Espagne a connu la civilisation d’Al-Andalous marquée par l’Islam, et le Siècle d’or initié par les rois catholiques. Une fois unifiée, elle est devenue un empire extrêmement puissant, s’étendant jusqu’au Nouveau Monde, avant de décliner et de perdre un territoire considérable. Le pays a ensuite connu la guerre civile et la dictature de Franco avant de devenir une monarchie parlementaire. L’Espagne, c’est à la fois le pays de l’Inquisition et des tapas, de Don Quichotte et du flamenco. C’est aussi et surtout une mosaïque d’identités régionales marquées, de la Galice à l’Andalousie en passant par la Castille et le Pays basque.

CARTE D’IDENTITÉ

Capitale : Madrid

Superficie : 505 911 km2

Nombre d’habitants : 47 329 981 habitants (en 2020)

Fuseau horaire : UTC+1 (pas de décalage horaire avec la France)

Monnaie : l’euro

Langues : La langue officielle du pays est le castillan. De plus, le catalan, le galicien, le basque et l’occitan sont également reconnus comme langues officielles régionales.

Météo : L’Espagne est réputée pour ses températures clémentes et son ensoleillement. L’été y est chaud et sec, avec des températures parfois très hautes en juillet et août, notamment en Andalousie, mais également dans la région de Madrid. Les hivers sont plutôt doux, surtout sur les côtes, mais les régions continentales connaissent parfois des épisodes de grand froid.

LES INCONTOURNABLES DE L’ESPAGNE

La cathédrale de Saint-Jacques-de-Compostelle

cathédrale de Saint-Jacques-de-Compostelle
La cathédrale de Saint-Jacques-de-Compostelle © Turismo de Galicia

Suite à la découverte du corps de l’apôtre saint Jacques, une première église fut érigée au début du IXe siècle. Elle fut ensuite reconstruite entre le XIe et le XIIIe siècle, puis embellie entre le XVIe et le XVIIIe siècle. Objet d’un des trois grands pèlerinages de la Chrétienté, avec ceux de Jérusalem et de Rome, c’est l’un des plus grands centres de dévotion catholique. Les chemins de Compostelle forment aujourd’hui un vaste réseau d’itinéraires de randonnées irradiant l’Espagne et la France mais aussi une partie de l’Europe.

La Sagrada Família, à Barcelone

Chef-d’œuvre inachevé de Gaudí, le temple expiatoire de la Sagrada Família a été entamé en 1882 et est toujours en travaux depuis. C’est un projet magistral, comprenant trois façades (Nativité, Passion et Gloire), cinq nefs et dix-huit tours (dont la plus haute atteindra les 172 m de haut). L’édifice est désormais un emblème du modernisme catalan. La construction de la basilique devait s’achever pour le centenaire de la mort de Gaudí, en 2026, avant que l’épidémie de Covid-19 ne cause une suspension des travaux de près de huit mois.

À lire également : notre article sur la Casa Batlló, autre oeuvre de Gaudí à Barcelone

Le musée Guggenheim, à Bilbao

musée Guggenheim Bilbao
Vue sur le musée Guggenheim, à Bilbao © FMGB Guggenheim Bilbao Museoa

Consacré à l’art contemporain, le musée Guggenheim est lui-même une œuvre d’art, avec ses ondulations et ses effets de lumière créés par les plaques de titane dont il est recouvert. Conçu par l’architecte Frank O. Gehry, son inauguration en 1997 a initié une profonde revitalisation de Bilbao. À l’extérieur comme à l’intérieur, les œuvres se succèdent dans une riche scénographie. On y admire les sculptures gigantesques de Richard Serra ; Maman, l’araignée de Louise Bourgeois ; Puppy, le chien géant habillé de fleurs de Jeff Koons…

Le musée du Prado, à Madrid

Cette pinacothèque a ouvert ses portes en 1819 afin d’accueillir les collections royales rassemblées par les Habsbourg et les Bourbons. Enrichi au fil du temps, le fonds du musée comprend une collection impressionnante de chefs-d’œuvre des grands maîtres espagnols (Velázquez, le Greco, Goya…) mais également flamands (Rubens, Bosch, Memling…), italiens (Botticelli, le Titien, Véronèse…) et de toute l’Europe. C’est aujourd’hui l’un des musées les plus riches au monde.

Cordoue, Grenade et Séville : les joyaux de l’Andalousie

Marquée par huit siècles de domination arabe, l’Andalousie possède un patrimoine d’une richesse incomparable. Trois villes et trois monuments sont particulièrement emblématiques de la région : Cordoue, sublime capitale d’Al-Andalous, et sa grande mosquée – convertie en cathédrale après la Reconquista ; Grenade et l’immense Alhambra, dernier bastion musulman qui résiste jusqu’en 1492 aux rois catholiques ; et enfin Séville, point de départ des grands navigateurs et résidence régulière des rois d’Espagne, qui y construisent le fabuleux palais de l’Alcazar.

À lire également : notre article sur Romancero gitano de Federico García Lorca, poète andalou

LES COUPS DE CŒUR DE NOS SPÉCIALISTES

Béatrice Bailloux, forfaitiste-coordinatrice en charge de la Castille, de la Galice et du Pays basque :

“Ce que j’aime le plus en Espagne, c’est l’ambiance qui règne. Les discussions vives coupées d’éclats de rire que l’on peut entendre en passant devant les bars à tapas. Les grandes places où les familles, des grands-parents aux petits-enfants, se retrouvent le soir pour partager leur journée. C’est un pays de partage et de fête. Que ce soient des fêtes improvisées au détour d’une rue où les gens dansent au son d’une musique entraînante, ou les multiples célébrations religieuses faites de processions colorées où des hommes portent à bout de bras de précieuses statues. C’est tout ça, l’Espagne que j’aime !”

Franck Orvain, forfaitiste en charge de la Catalogne et de l’Andalousie :

“Mes séjours en Espagne sont rythmés par de longues balades matinales. C’est à mes yeux le meilleur moment de la journée pour profiter du pays, baigné dans la chaleur douce et prometteuse d’une belle journée. La plage encore déserte de Barceloneta – au coeur de Barcelone – semble loin de l’agitation de la place de Catalogne et des Ramblas. Les rues étroites et symétriques de ce quartier dégagent une atmosphère populaire et familiale. À Séville, ma promenade du matin passe par le quartier simple et authentique de Triana. Il faut traverser le Quadalquivir et se retrouver dans le marché où les gens du quartier viennent faire leurs achats pour les prochains repas. Autant de matins, autant de balades, d’impressions, de bons moments qui deviendront de beaux souvenirs.”

Julie Chamouleau, forfaitiste en charge de l’Andalousie :

“Ronda fut une de mes premières découvertes espagnoles et j’ai eu un véritable coup de cœur pour cette ville pleine de charme. Elle fait partie des fameux pueblos blancos, ces villages typiques de l’Andalousie, aux maisons blanchies à la chaux. Sa particularité ? Elle est coupée en deux par un vertigineux ravin, le Tajo, qui offre des vues spectaculaires sur la sierra andalouse. De jolies balades sont à faire le long de cette faille, en traversant le Puente Nuevo. En ville, il faut également aller voir les arènes, qui sont les plus anciennes du pays.”

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Belgique
L’Atomium de Bruxelles – Belgique

Par Flavie Thouvenin

Lundi 25 octobre 2020, au petit matin. J’entame mon 4e jour dans le plat pays, le temps file. Après deux jours à arpenter les ruelles et naviguer au fil des canaux de la belle Bruges, changement d’ambiance ! Nous sommes partis la veille à l’assaut de Bruxelles, avec un programme réjouissant mais chargé : la Grand-Place, le Manneken-Pis, les galeries Saint-Hubert, le marché aux puces de la place du Jeu de Balle… les pieds commencent à chauffer, mais il n’est pas question de s’arrêter.

Aujourd’hui, on prend de la hauteur. À chaque nouvelle escapade citadine, c’est la même rengaine : s’il y a une tour, je me dois d’y monter ! Je collectionne les visites d’observatoires comme celles des plus grands musées. Le beffroi de Bruges n’ayant pas suffi à me rassasier, c’est vers le plateau de Heysel que je pars ce matin : direction l’Atomium, un des symboles de la capitale belge. La météo n’est pas des plus clémentes, un petit vent vient nous rafraîchir le bout du nez et le ciel est bien grisé mais les prévisions des jours suivants promettent de la pluie… c’est maintenant ou jamais !

Un colosse d’aluminium et d’acier

Arrivée sur place, nous sommes visiblement une tripotée à avoir eu la même idée, la queue pour le guichet promettant de longues minutes d’attente… Ce qui nous laisse tout le loisir d’admirer la structure étonnante de ce colosse d’aluminium et d’acier, mi-sculpture mi-architecture. Représentant une maille élémentaire de fer (9 atomes de fer) grossie 165 milliards de fois, l’Atomium surprend par sa forme unique : 3 piliers soutenant 9 sphères de 18 m de diamètre, reliées entre elles par de longs tubes de 3,3 m de diamètre. Pensé par l’ingénieur André Waterkeyn et conçu par les frères architectes André et Jean Polak, l’Atomium fut l’attraction phare de l’Exposition universelle de 1958.

Avec pour slogan « le bilan d’un monde pour un monde plus humain », cette édition de l’Expo entendait initier et réconcilier le grand public avec la science, en plein contexte de guerre froide et sa course à l’armement, et après le traumatisme des bombes atomiques larguées sur le Japon en 1945. Après les sombres années de la guerre, on commence à entrevoir les possibilités illimitées des dernières grandes découvertes scientifiques et l’on se prend à rêver d’un futur magnifié grâce au progrès scientifique. Les navettes remplaceront les voitures, les fusées nous emmèneront aux confins de l’espace-temps, les maladies ne seront plus : c’est le temps de l’espoir et l’âge d’or de la science-fiction ! L’Atomium capte toute l’audace d’une époque et nous offre un véritable voyage dans le temps.

Point de vue sur la capitale belge

Après 30 min d’une attente dans la fraîcheur matinale, nous ne sommes pas mécontents d’atteindre enfin le guichet ! Pass sanitaire scanné, température prise, masques sur le nez (pas d’inquiétude, le protocole Covid est ici très respecté !), billets en poche : la première étape de la visite nous tend les bras. Nous embarquons dans l’ascenseur du tube central, le plus rapide à l’époque de sa construction à raison de 5 m gravis par seconde, direction le sommet !  En 23 petites secondes, nous y sommes déjà.

À 92 m de haut, le panorama qui s’offre à nous est réputé le plus beau de la capitale. Avec sa vue à 360°, on peut, par temps clair, voir jusqu’à Anvers. Pour nous, c’est loupé ! La grisaille se lève peu à peu et nous laisse tout de même une très belle vue sur tout Bruxelles et ses environs, ainsi qu’un beau point de vue sur l’Atomium lui-même. Un spot de choix pour les photographes amateurs (et pour les demandes en mariage aussi, paraît-il !). Après avoir déambulé dans la sphère et tenté d’identifier les monuments de la capitale à l’aide des panneaux jalonnant l’espace, nous rejoignions le rez-de-chaussée en aussi peu de temps qu’il nous en a fallu pour monter… mais la visite est loin d’être terminée !

Au temps de l’Expo

Deuxième étape de la visite : la sphère de base, qui sur plusieurs étages présente une exposition permanente consacrée aux années 1950, à l’Exposition universelle de 1958 et à la construction de l’Atomium. Images et documents d’archives, plans et dessins d’architectes, maquettes et vidéos nous font remonter dans le temps et nous plongent dans l’ambiance de l’époque, sur un air de nostalgie. Il faut dire que l’Expo universelle de 58 fut la dernière organisée sur le sol belge, qui pour l’occasion avait mis les petits plats dans les grands. Sur le plateau du Heysel, entre les mois d’avril et octobre, les pavillons des 44 pays participants attirent pas moins de 43 millions de visiteurs, plaçant Bruxelles sous le feu des projecteurs.

Outre les pavillons de l’URSS et des États-Unis, c’est l’Atomium qui intrigue le plus les badauds : son succès auprès des locaux comme des étrangers est immédiat. Il devient ainsi l’un des spots les plus en vue de la capitale, et un arrêt incontournable pour les touristes. Au départ construit uniquement dans le cadre de l’Expo, il échappe ainsi à la destruction plusieurs fois au cours des décennies, jusqu’à bénéficier enfin de grands travaux de rénovation plus qu’attendus entre 2004 et 2006. L’Atomium est là pour rester !

Un pas dans le passé, un autre dans le futur

À l’intérieur, l’architecture a des allures de sous-marin… ou de vaisseau spatial digne des plus grands space opera, ambiance 2001, l’Odyssée de l’espace ! Un voyage intergalactique qui nous mène d’une sphère à une autre, par le biais d’escalators mécaniques (les plus longs d’Europe à leur construction – jusqu’à 35 m pour l’un d’eux) et d’une flopée d’escaliers, le tout soutenu par une structure de charpente métallique et un alliage en acier et inox impressionnants, illuminés par des néons de couleurs vives. Un univers pour les fans de science-fiction ! Outre la sphère de base réservée à l’exposition permanente, cinq autres sont accessibles au public, l’une accueillant notamment des expositions temporaires sous forme de spectacle son et lumière qui ajoute au mystère des lieux… Petits et grands en prendront à coup sûr plein la vue !

 

 

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France
L’exposition Marcel Proust au musée Carnavalet – France
Portrait de Marcel Proust par Blanche Jacques Emile (1861-1942) © Hervé Lewandowski/RMN

Du côté de chez Proust

Par Emmanuelle Bons

Depuis sa réouverture en 2021 suite à la réfection totale de ses espaces, le musée Carnavalet n’a cessé de démontrer que sa réputation d’institution poussiéreuse et surannée appartient désormais au passé. En cette année particulière où l’on célèbre le 150e anniversaire de la naissance de Marcel Proust, ce musée a choisi de rendre hommage à cette figure incontournable de la littérature autour d’une thématique inédite et d’une scénographie innovante. Le plus Parisien des écrivains se voit ainsi mis en lumière dans cette institution dédiée à la capitale afin de souligner la place essentielle de Paris dans sa vie mais aussi dans son œuvre.

Exposer la littérature

Aborder la littérature dans le cadre d’une exposition est un challenge de taille ! Comment parvenir à évoquer les imaginaires, les mondes fictifs, par le biais de représentations concrètes et matérielles. Là où beaucoup d’institutions ont échoué en présentant une accumulation de documents et de manuscrits sans relief, le musée Carnavalet a relevé le défi avec brio ! Il faut dire que les deux hôtels particuliers, l’hôtel Carnavalet et l’hôtel Le Peletier de Saint Fargeau – réunis en un musée qui sert d’écrin à cette exposition – constituent de purs exemples de la délicatesse de l’architecture du XVIIe siècle et illustrent parfaitement le luxe et le raffinement parisien. Une belle entrée en matière donc pour aborder cette plongée dans le temps qui invite à revenir vers l’époque de transition entre le XIXe et le XXe siècle, pleine de promesses en la modernité.

Immersion dans le “Paris fin de siècle”

Dès mes premiers pas dans les espaces d’exposition, je me suis sentie immédiatement immergée dans le Paris des années 1870 où nait Marcel Proust au cœur des quartiers huppés du 16e arrondissement. On y croise pêle-mêle de nombreux portraits et photographies du futur écrivain et de sa famille, mais aussi des représentations des quartiers de son enfance et de sa jeunesse autour du 8e arrondissement qu’il chérit et ne quittera quasiment jamais. On découvre le lycée Condorcet qu’il fréquenta, les Champs-Élysées où il se promenait mais aussi l’opéra, les salons, le Louvre… Un habillage musical qui évoque l’atmosphère à la fois feutrée et frivole de ce Paris fin de siècle ainsi que des accessoires de mode viennent parfaire le portrait de cette jeunesse insouciante, souriante et riche.

Retrouver l’homme

Chambre de Marcel Proust
Le mobilier ayant appartenu à Marcel Proust, présenté au musée Carnavalet © Pierre Antoine

Pièce maitresse de l’exposition, la chambre reconstituée de Marcel Proust a constitué un moment vraiment fort de mon parcours. Avec son éclairage théâtralisé et sa scénographie particulière, cette pièce offre une approche très intime de l’écrivain. Je l’imagine sans mal étendu sur sa méridienne en train de penser ou de travailler, je me représente sa silhouette pâle et maladive dans sa pelisse noire à col de loutre, je frémis en pensant à sa dépouille funèbre dans ce lit à barreaux de métal… Cette salle est vraiment très émouvante pour qui s’est intéressé de près à l’homme autant qu’à l’écrivain. Impossible sans doute d’évoquer l’un sans l’autre. Véritable transition entre les évocations biographiques des premiers espaces et la plongée dans l’univers de la Recherche dans les suivantes, cette pièce symbolise le nœud central de l’exposition, le lieu même de la création littéraire, l’espace de transformation du réel en un monde fictif dense et précis.

À la recherche du temps perdu, un roman parisien ?

Toute la seconde partie de l’exposition est en effet consacrée au Paris fictionnel dans lequel le lecteur déambule au fil des pages de la Recherche. On y retrouve l’espace mondain du bois de Boulogne, l’imaginaire faubourg Saint-Germain ou encore le Paris interlope de Sodome et Gomorrhe… Là encore tableaux, manuscrits, mais aussi films, documents sonores et costumes viennent former un ensemble saisissant qui plonge le visiteur dans un univers que l’écrivain a créé de toutes pièces à partir de son environnement familier. La capitale poétisée par Proust, est le cadre de la quête du narrateur – double de l’auteur – jusqu’à la révélation finale de sa vocation d’écrivain.

À découvrir avec la journée culturelle en France : Sur les pas de Proust au pays d’Illiers-Combray

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France
Les Bassins de Lumières de Bordeaux – France

Une ode à la modernité et à la couleur

Par Marie Lagrave

Dans le Plus #158 de l’hiver 2020, nous avions consacré un article à l’ouverture d’un nouveau lieu culturel à Bordeaux : les Bassins de Lumières. Installé dans une ancienne base sous-marine, cet insolite espace d’exposition a été aménagé par Culturespaces afin d’accueillir des expositions numériques. Ici, pas de tableaux encadrés ; les œuvres sont projetées directement sur les murs, et emplissent tout l’espace. J’étais à la fois curieuse de découvrir ce lieu atypique, s’inscrivant dans le renouvellement de la ville insufflé depuis une vingtaine d’années, et enthousiasmée par le concept novateur de ces expositions immersives. J’ai ainsi profité d’un séjour à Bordeaux à l’automne pour aller visiter ces fameux Bassins de Lumières.

Le quartier de Bacalan, marqué par l’histoire

Rendez-vous donc dans le quartier Bacalan, excentré au nord de la ville. Ici, tout semble neuf, des travaux sont encore en cours ça et là. Le quartier, portuaire et industriel, existe pourtant depuis le XVIe siècle. Il connait un essor important à partir du début du XIXe siècle, lorsque la construction du pont de pierre empêche l’accès des bateaux en aval. Les bassins à flots sont creusés, industries et chantiers navals s’installent en nombre. Puis la Seconde Guerre mondiale éclate et la France est rapidement occupée par les Allemands. Le port de Bordeaux devient un lieu stratégique et une imposante base sous-marine y est construite. Cible de l’aviation alliée, la base sera bombardée à plusieurs reprises ; mais à la Libération, l’énorme bunker est à peine éraflé. Carcasse indestructible, sombre souvenir d’une période haïe, il est laissé à l’abandon. Et le quartier de Bacalan entame une inexorable récession.

Le renouveau des années 2000

Il faudra attendre les années 2000 et le réveil de la « belle endormie » pour que des travaux d’envergure soient envisagés à Bacalan. C’est d’abord avec l’arrivée du tramway en 2007 que le quartier commence à se moderniser, puis les projets immobiliers et culturels se multiplient à partir des années 2010. Le pont Chaban-Delmas est construit en 2012, les Halles de Bacalan sont inaugurées en 2017, le musée Mer Marine en 2018. La base navale, investie par Culturespaces, devient les Bassins de Lumières et ouvre ses portes en juin 2020.

« Monet, Renoir… Chagall, Voyages en Méditerranée » aux Bassins de Lumières

Gigantesque bloc de béton noirci par le temps, le bunker allemand se voit de loin. Impressionnée par l’architecture imposante de ses murs et des alvéoles ouvertes sur les quais, je pénètre à l’intérieur. Il faut quelques instants pour que mes yeux s’habituent à l’obscurité qui y règne. Mais très vite, je suis happée par l’univers sonore de l’exposition et le festival de couleurs projeté sur les murs. Les œuvres de Renoir, Monet, Pissarro, Signac, Bonnard, Dufy, Chagall et de quelques autres, s’animent sous mes yeux, se reflètent dans l’eau des bassins, se succèdent les unes aux autres. Plusieurs espaces permettent d’apprécier l’exposition : les 4 bassins, la citerne, la mezzanine et les gradins. Je déambule de l’un à l’autre, la Méditerranée sous mes pieds, avec l’impression d’avoir plongé dans un tableau, dans l’univers joyeux et coloré de ces peintres. Et je m’émerveille avec eux de la beauté de la Côte d’Azur.

À lire également : la visite de l’exposition « Le décor impressionniste. Aux sources des Nymphéas » au musée de l’Orangerie

« Yves Klein, l’infini bleu » aux Bassins de Lumières

Au bout d’une quarantaine de minutes, mon voyage en Méditerranée se termine, remplacé par une autre projection mettant à l’honneur Yves Klein et son fameux bleu. La mer sous mes pieds devient pavés, puis c’est une explosion de motifs, de textures et de couleurs, dominée bien sûr par le bleu Klein. Retraçant le parcours de l’artiste, le programme dure une dizaine de minutes.

Les créations contemporaines du Cube

Je passe ensuite dans le Cube, une petite salle carré consacrée aux créations contemporaines. Deux programmes s’y succèdent : « Memories » créé par le studio Spectre Lab et « Everything » du studio Nohlab. Accompagnés d’une voix off, ils proposent un questionnement métaphysique, où sciences et philosophie se mêlent. Enfin, je termine ma visite par un passage à l’espace musée, qui présente l’histoire de la base sous-marine.   

Les Bassins de Lumières proposent une expérience immersive complète et très réussie. Les différents programmes sont bien réalisés et présentent une belle diversité. C’est néanmoins peut-être un peu dense si l’on souhaite tout faire en une seule visite. J’aurai sans doute préféré une offre moins importante (il y a, en comptant la présentation de la base, 5 thématiques différentes) avec des programmes plus longs et plus détaillés. La base navale, quant à elle, avec ses volumes importants, l’eau de ses bassins, son acoustique particulière est un superbe écrin pour ce centre culturel numérique. Sans pour autant oublier l’histoire, Culturespaces a su complètement transformer cette place forte militaire, conçue pour la guerre et la destruction, pour en faire un lieu tourné vers l’art et la beauté.

À découvrir avec l’escapade Arts & Vie : Bordeaux fête le vin

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Allemagne
Les doigts de pied dans la Baltique

Les doigts de pied dans la Baltique !

Par Patrick Schouller & Anne Juhen

Le circuit Arts et Vie en Allemagne : les villes hanséatiques sillonne une région allemande qui n’est généralement pas une priorité dans nos choix de voyages. Pourtant les noms bien connus de quelques villes phares comme Lübeck, Brême, Rostock, Stralsund, ne manquent pas de faire resurgir de belles images dans nos mémoires.

Le berceau de la Hanse

Au sein d’une campagne verdoyante ponctuée d’emblématiques clochers pointus en brique rouge et aux toits vert-de-gris, les petits ports aux maisons à colombages cachent quelques magnifiques réalisations architecturales, datant du temps de la splendeur de la Ligue hanséatique. Mais oui, c’est le berceau de la Hanse ! Ce nom évoque une histoire à la fois connue et méconnue ! Pourtant cette organisation médiévale, marchande et citadine, a su s’imposer pendant plus de 300 ans, dans un monde dominé par les rois, les princes et les évêques, et influencer aussi bien le commerce, la vie, la culture que la politique.

Sur la route

Lorsque nous pensons à cette région, surgit parfois le souhait de parcourir ce qui deviendra la Prusse en 1701, pour tenter d’appréhender certains aspects de l’âme allemande comme le romantisme, si bien représenté par les peintures de Caspar David Friedrich face aux impressionnantes falaises de craie de l’ile de Rügen.

Alors, pour ceux qui partent, le voyage devient une vraie découverte et ils succombent au charme de ces petites villes pittoresques. Personnellement j’ai un faible pour Lunebourg et son hôtel de ville aux vitraux gothiques, son bureau médiéval resté en l’état, ou encore ses remarquables sculptures allégoriques sur bois du XVIe dans la salle du Conseil.

Parcourir en car la route de Stade à Brême permet de comprendre les raisons de la richesse de cette région : des landes de tourbe pour chauffer l’eau saumâtre et en extraire cette denrée précieuse qu’était le sel, qui permettait de conserver des pêches importantes, fruits d’une mer peu profonde et poissonneuse. Et surtout cette mer Baltique, favorable à un cabotage commercial qui permettait d’échanger les richesses naturelles de la Russie, comme le bois, l’ambre et les fourrures, contre les draperies et les produits manufacturés anglais, sans oublier au passage les produits agricoles danois. Tout ce commerce fructueux régi par les lois hanséatiques de Lübeck a permis de financer de nombreuses œuvres d’art, que le circuit Arts et Vie ne néglige pas. Mais mon propos n’est pas de vous en parler : pour cela il y a la brochure !

Au bord de la Baltique

Parcourir cette route du “gothique de brique” est chaque fois pour moi un grand plaisir surtout lorsque je lis la surprise qui brille dans les yeux de mes compagnons de voyage. Non, ils ne s’y attendaient pas, ils sont vraiment surpris par cette région infiniment plus attirante que celle qu’ils imaginaient : de paisibles paysages champêtres en lieu et place des zones industrielles attendues, de vrais vergers, des élevages de chevaux, des villages à la Brueghel, le tout inondé d’une lumière irréelle et subtile.

Après la visite de l’abbaye de Bad Doberan, une fois le dîner pris dans l’hôtel de la gare de Rostock, pourquoi ne pas profiter du reste de la soirée pour prendre le train de banlieue qui mène à Warnemünde, “bouche de la rivière Warnov”. C’est un port mais surtout une station balnéaire réputée, au bord de cette Baltique, véritable ossature du circuit.

Une demi-heure plus tard, on se déchausse (avouez que c’est assez rare dans un circuit Arts et Vie !) pour fouler avec volupté le sable fin d’une plage immense baignée par les eaux de la Baltique. Puis la magie opère avec la nuit qui tombe, car c’est le moment où les lumières du crépuscule s’enflamment au cri des mouettes… Mes compagnons, d’ordinaire si sérieux lors des visites de musées, retrouvent leur enfance à cet instant et, avec moult rires et commentaires, s’amusent joyeusement dans le ressac. Oui, comme promis, ils ont les doigts de pied dans la Baltique ! Et même si ce moment sympathique tranche avec le sérieux des visites culturelles, l’expérience montre qu’ils s’en rappelleront longtemps.

À découvrir avec le circuit Arts et Vie en Allemagne : Les villes hanséatiques

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France
Festival en France : La Provence, terre de festivals d’exception

Quel mélomane n’a jamais rêvé d’entendre résonner un soir d’été, sous le plus beau des ciels étoilés de Provence, les premières notes de son air favori ? Qui ne s’est jamais imaginé entraîné par des flots mélodieux dans des lieux uniques où la musique rencontre l’histoire ? Les Chorégies d’Orange et le Festival international d’art lyrique d’Aix-en-Provence, qui fêtera cette année ses 77 ans, vous invitent à vivre ces instants d’exception dans une région où la culture tient une place prépondérante. Cette escapade vous convie à 3 soirées d’une qualité remarquable, ainsi qu’à une belle découverte de la Provence des peintres notamment grâce à l’extraordinaire rétrospective consacrée cette année à Cézanne au musée Granet.

Durée 5 jours / 4 nuits
Prochain départ 9 juillet 2025
Thématique Escapades thématiquesFestivalsVoyages en train
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Un voyage culturel en Europe avec Arts et Vie vous mènera ainsi en son berceau, la Grèce. D’Athènes à Épidaure, de Cnossos à Cythère, et de Corfou aux Cyclades, vous retrouverez partout, aux frontons des temples comme dans les formes simples des maisons blanchies à la chaux, ce sens de la mesure harmonique qui fit de la Grèce antique un modèle esthétique pour des siècles. À Athènes, vous comprendrez le sens de l’eurythmie à la vue de l’Érechthéion ou du Parthénon et suivrez au musée de l’Acropole les grandes étapes de l’art grec, de la civilisation mycénienne à l’art hellénistique.

Faire un voyage culturel en Italie, c’est aller à la rencontre de l’ancien Empire romain qui régna sur le monde antique et de la Mère-Patrie des arts qui engendra la Renaissance. De Rome à Florence, de Venise à Sienne, une constellation unique d’artistes de génie produisirent des œuvres au rayonnement universel, des Primitifs du Quattrocento aux grands maîtres de la Renaissance, Léonard, Raphaël, Michel-Ange. L’Italie, c’est aussi Venise, cette ville surgie des eaux où se mêlèrent Byzance, l’Orient et le Gothique dans le palais de la Ca’d’Oro ou à la Basilique Saint-Marc. Tandis que l’on doit aux peintres vénitiens comme Giorgione ou Titien un modelé plus sensuel des chairs et une perspective atmosphérique obtenue par la couleur et par la lumière. Un voyage en Italie ne saurait oublier la baie de Naples, le Vésuve, Sorrente et la côte almafitaine, grand jardin suspendu sur la mer tyrrhénienne.

En France, Paris reste toujours Paris, avec ses hôtels particuliers du Marais des XVIIe et XVIIIe siècles au bel ordonnancement régulier, ses grands boulevards haussmanniens, ses musées aux collections exceptionnelles comme Le Louvre ou le musée d’Orsay, sa place de la Concorde et ses Champs-Élysées, ses quartiers de Montmartre ou de Montparnasse marqués par les Impressionnistes, les Fauves ou les Cubistes. La richesse culturelle de la France est aussi dans ses régions : vous irez à la découverte de la romanité en Provence, de la culture cathare autour de Carcassonne, de l’Alsace des marchés de Noël, mais aussi des grands festivals d’été comme ceux de Marciac ou de la Roque-d’Anthéron.

Ceux qui aiment le Sud profond feront un voyage culturel en Espagne ou au Portugal. L’Espagne est diverse, car elle fut ouverte aux nombreuses influences extérieures : celles de la civilisation romaine et de la civilisation arabe, celle de l’Italie, de l’Europe du Nord et de la France du Sud-Ouest. Puis c’est l’Espagne qui rayonnera sur l’Europe, avec le Siècle d’or, ses artistes majeurs, ses monarques absolus et les conquêtes de son immense empire colonial De la Catalogne à l’Aragon, de l’Estrémadure à l’Andalousie, un voyage culturel avec Arts et Vie vous fera voir cette Espagne aux multiples visages, qui s’enrichit de l’apport de la culture cistercienne comme de celui des princes omeyades en Andalousie. C’est à Madrid que l’Espagne du Siècle d’or connut un rayonnement sans pareil jusqu’au XVIIe siècle. Le musée du Prado en témoigne par la richesse exceptionnelle des œuvres venues du foyer andalou, celles de Ribera, de Zurbaran ou de Vélasquez.

Un autre génie de la peinture espagnole, Le Greco, a marqué l’art européen par la puissance de ses représentations. Vous le retrouverez à Tolède, au musée qui porte son nom, et dans l’église San Tomé. Le Greco a beaucoup influencé Picasso dont vous pourrez voir les œuvres à Barcelone. À Barcelone les architectures foisonnantes et organiques du mouvement moderniste imposeront leur forte présence, de Lluis Domenéch Montaner à Antoni Gaudí. Au Portugal, vous retrouverez les vestiges glorieux qui firent de ce petit pays l’une des principales puissances maritimes d’Europe et lui virent jouer un rôle majeur dans les Grandes Découvertes, grâce à des rois comme Henri le Navigateur ou Manuel Ier et des navigateurs comme Bartolomeu Dias et Vasco de Gama. Ainsi s’étendirent ses frontières bien au-delà des mers, jusqu’au Congo, au Cap-Vert et au Brésil. Si vous préférez le Nord, ses paysages et ses mythologies, Arts et Vie vous emmènera en Autriche, découvrir le rococo des églises et des palais ou admirer l’art de la Sécession viennoise, ses architectures nouvelles et ses peintres flamboyants comme Klimt ou Franz von Stuck.

En Allemagne, vous irez sur les traces nombreuses et glorieuses qui firent l’Empire carolingien, le Saint-Empire romain germanique, puis la monarchie des Habsbourg. En remontant le cours des fleuves comme le Rhin, l’Elbe, la Moldau ou le Danube, vous découvrirez les villes médiévales qui fascinèrent les romantiques. Ou visiterez Salzbourg qui vit naître Mozart et dont le centre à l’architecture baroque et italianisante, se caractérise par une profusion de flèches et de dômes eux-mêmes dominés par la silhouette monumentale et austère de la forteresse de Hohensalzburg.

Toujours plus au nord, vous pourrez choisir la ligne claire des pays scandinaves, dont les grands architectes et designers créèrent un nouvel art de vivre qui est toujours le nôtre. Plus à l’est, enfin, c’est la grande Russie. À Moscou, vous admirerez la Place Rouge et la forteresse du Kremlin entourée de ses nombreux palais et cathédrales sommés de bulbes d’or et de coupoles colorées. À Saint-Pétersbourg, vous découvrirez une « Venise du Nord » aux quatre-cents ponts et aux nombreux canaux, surgie des marécages en 1703 par la volonté visionnaire du seul Pierre Le Grand. À moins qu’une croisière au fil de la Néva ou de la Volga ne vous mène jusqu’en Carélie ou à la découverte des villes orientales comme Kazan la tatare ou Samara la turco-mongol.