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L’exposition « Frida Kahlo » au Palais Galliera – France

« Frida Kahlo, au-delà des apparences »

Par Marie Lagrave

Depuis le 15 septembre, une foule plus dense qu’à l’accoutumée se presse aux abords du Palais Galliera, le musée de la Mode de la ville de Paris, situé dans le XVIe arrondissement. Il faut dire que le musée présente en ce moment – et jusqu’au 5 mars – une exposition dédiée à l’immense peintre mexicaine Frida Kahlo. Musée de la mode oblige, il n’est ici pas tellement question de ses tableaux, restés pour la plupart au Mexique ou aux États-Unis, mais bien davantage de la façon dont l’artiste a, toute sa vie durant, façonné son identité et son image, notamment au travers des robes traditionnelles mexicaines qu’elle aimait porter. Une exposition très attendue et fortement plébiscitée qui permet d’approcher l’intimité de Frida Kahlo, aujourd’hui devenue une icône internationale.

Conçue en étroite collaboration avec le Museo Frida Kahlo au Mexique, l’exposition dévoile plus de 200 objets provenant de la fameuse Casa Azul qui vit naître et mourir la célèbre peintre. Au fil des salles, on découvre des photographies la représentant, sa correspondance, les ex-votos qu’elle collectionnait, et bien sûr ses vêtements, bijoux et cosmétiques, ainsi que ses corsets et prothèses médicaux, transformés en véritables supports d’expression artistique. Quelques croquis et tableaux de l’artiste ponctuent le parcours, mais ils restent rares : ce n’est pas là le sujet de l’exposition. De même, si le nom de Diego Rivera, son mari, est bien sûr évoqué, on ne s’y attarde pas, et Frida Kahlo reste la star incontestée. L’exposition débute par un parcours biographique pour nous faire ensuite découvrir comment Frida Kahlo a composé son identité au travers de son handicap, de ses tenues et de ses portraits photographiques.

Une galerie courbe pour un parcours biographique

« Je suis née ici »

Arrivée au Palais Galliera, je m’arrête un instant pour apprécier son étonnante architecture qui oscille entre une géométrie rigoureuse côté jardin et sa façade sur rue en demi-cercle. Après un peu d’attente, j’accède à l’exposition : un court film de Frida Kahlo sert d’introduction, puis le parcours débute dans une longue galerie en courbe, un long couloir arrondi.

« Je suis née ici » : c’est quasiment par ces mots que le parcours de l’exposition commence, soulignant l’attachement de Frida Kahlo à ses racines et au Mexique. Les photos de famille se succèdent, dévoilant ses origines métissées, et montrant Frida enfant, prenant déjà la pose pour son père, photographe de métier. Mais l’enfance de Frida Kahlo, c’est aussi la poliomyélite, maladie qui atrophie sa jambe droite et dont elle gardera des séquelles toute sa vie ; puis son terrible accident de bus alors qu’elle n’a que 15 ans, et qui fera basculer toute son existence. Cet accident apparait d’ailleurs dans l’exposition par un dessin saisissant de Frida Kahlo, presque un croquis, où plusieurs scènes se superposent.

« Je suis née ici » représente également la Casa Azul, où Frida Kahlo naquit et vécut toute sa vie, si l’on excepte ses voyages. Après son mariage, elle y vit avec Diego Riviera, et si la maison accueille les amours et les discordes du couple, elle n’en reste pas un moins un refuge pour Frida Kahlo qui la décore avec soin. Parmi les objets présentés, la collection d’ex-votos notamment, attire mon attention. Source d’inspiration pour l’artiste, ils témoignent de sa passion pour l’art populaire, les thèmes religieux et les traditions mexicaines.

Voyages et correspondance

Le parcours continue, toujours dans cette étonnante galerie courbe, et m’entraine dans deux des voyages de Frida Kahlo. Frida suit tout d’abord Diego aux États-Unis, où ils séjourneront 2 ans, d’abord à New York puis à Détroit. Bien que fascinée par sa modernité, Frida apprécie peu le pays qu’elle surnomme « Gringolandia ». À Détroit, en outre, elle subit une fausse couche traumatisante. Elle peint cependant lors de son séjour plusieurs de ses chefs-d’œuvre.

Quelques années plus tard, Frida Kahlo est invitée à Paris par André Breton qui prépare une exposition en son honneur. Cependant, ses tableaux ne seront finalement exposés qu’au milieu d’autres œuvres mexicaines. C’est une grande déception pour l’artiste, qui dans sa correspondance, s’en prend vivement à Breton et aux surréalistes.

Ces deux voyages permettent néanmoins à Frida Kahlo de faire de nombreuses rencontres, et de lier des amitiés qu’elle entretient par une abondante correspondance. Les lettres échangées avec ses relations viennent clore ce parcours biographique.

De grandes salles pour comprendre la construction de son image

Infirmité et créativité

Après ce long parcours dans cette étroite galerie, j’apprécie les volumes de la salle qui s’ouvre ensuite, sans doute la plus poignante de l’exposition. Ici sont exposés, en ligne, différents corsets portés par Frida Kahlo. Soutiens de son corps brisé, réceptacles de sa douleur, ils témoignent de sa santé de plus en plus fragile. Portés tout au long de sa vie, ils font partie intégrante de sa personne : loin de chercher à les dissimuler, elle les a représentés et mis en scène dans nombre de ses tableaux, comme des allégories de ses souffrances. Certains sont également devenus des supports artistiques. Elle a peint sur l’un la faucille et le marteau, symboles de son attachement au Parti Communiste ; ici, le fœtus de l’enfant qu’elle n’a jamais pu avoir ; sur un autre, une colonne brisée, reflet de sa propre colonne vertébrale…

prothèse orthopédique de Frida Kahlo
musée de la mode palais galliera
Scénographie de l’exposition « Frida Kahlo, au-delà des apparences » © Palais Galliera

D’autres dispositifs médicaux sont également exposés, et notamment une prothèse orthopédique, utilisée après l’amputation de sa jambe droite. Admirablement conçue, elle figure une véritable jambe, ornée d’une magnifique botte rouge sur laquelle trône un dragon asiatique. Malgré son handicap, Frida Kahlo n’a en effet jamais cessé d’apporter un soin extrême à ses tenues. Elle les portait comme un véritable étendard de sa personnalité hors du commun, de sa mexicanité et de sa féminité.

Tenues et portraits photographiques

La salle suivante, justement, permet d’admirer quelques-unes des plus belles parures de l’artiste. Bijoux et cosmétiques s’exposent de part et d’autre tandis que de superbes robes trônent au centre de la pièce. La plupart sont des jupes et tuniques traditionnelles mexicaines, brodée de couleurs vives, emblématiques de la région de Tehantepec. L’amplitude des jupes permettaient à Frida de dissimuler ses jambes, tandis que les motifs chatoyants des tuniques mettaient en valeur son buste et la faisait paraitre plus grande. Ces tenues sont devenues un marqueur essentiel de l’identité de l’artiste, qui les portait jusqu’à son chevalet, ce dont témoignent photos et taches de peinture.

Habituée à poser pour son père dès le plus jeune âge, Frida Kahlo conserve ensuite le désir de se faire prendre en photo et de composer son image. Les portraits d’elle sont nombreux et extrêmement variés, pris par différents photographes. Dans cette salle habitée par ses robes, tout un pan de mur est consacré à ces photos. On y voit Frida parée de ses plus beaux atours, dont certains sont visibles dans la pièce. Ces portraits ont fait le tour du monde, et son image si reconnaissable a contribué à faire d’elle une véritable icône, internationalement reconnue.

À l’étage : des créations de haute couture inspirées par Frida Kahlo

Jusqu’au 31 décembre 2022, une exposition-capsule située à l’étage, permet de compléter le parcours. Dans cette dernière salle, sont exposées des créations de haute couture inspirées par l’artiste mexicaine. De nombreux créateurs de mode ont en effet voulu rendre hommage à son style unique, que ce soit au travers de robes d’inspiration tehuana, de motifs mexicains chatoyants ou par l’utilisation de corsets orthopédiques. Ce dernier espace permet de mesurer l’influence de l’artiste sur la mode contemporaine et d’apprécier la variété des interprétations de son style.

À découvrir lors de la journée culturelle : Le Mexique à Paris

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L’exposition « Pharaon des Deux Terres » au musée du Louvre – France

Article partenaire avec les Dossiers d’Archéologie
Par Constance Arhanchiague

exposition « Pharaon des Deux Terres » au musée du Louvre Paris
Taharqa offrant les vases à vin au dieu faucon Hémen
Taharqa offrant les vases à vin au dieu faucon Hémen © Musée du Louvre, dist. RMN-GP/Ch. Décamps

Vers 720 av. J.-C., Piânkhy, roi de Kouch en Nubie, part à la conquête de l’Égypte. Il fonde la XXVdynastie, dite kouchite, et crée le royaume des Deux Terres en unifiant l’Égypte et la Nubie. L’exposition événement « Pharaon des Deux Terres. L’épopée africaine des rois de Napata » raconte l’épopée de ces nouveaux rois venus du sud et révèle au grand public des objets spectaculaires, typiques du style artistique très original de cette période. Elle est le fruit de recherches historiques du côté égyptien et de résultats de fouilles récentes au Soudan qui ont permis de rendre accessible cette période à un large public. Au VIIe siècle av. J.-C., une invasion assyrienne met fin à la domination des rois kouchites en Égypte, qui se replient alors au Soudan.

L’épopée des rois de Napata

carte Égypte et Nubie : les "Deux Terres"

L’histoire de la XXVe dynastie est avant tout celle de la renaissance d’un royaume, celui de Kouch, apparu au Soudan vers la fin du IIIe millénaire av. J.-C. Cet État qui a longtemps constitué une menace pour l’État pharaonique, a pris fin au moment de la colonisation égyptienne (vers 1500 av. J.-C.). La culture nubienne ne disparaît pas pour autant et on la distingue encore çà et là, dans les modes d’inhumation, la céramique ou les mentions d’enfants de chefs envoyés auprès du pharaon.

Lorsque l’État égyptien s’effondre à son tour au tournant du XIe siècle av. J.-C., la Nubie retrouve son indépendance. Au VIIIe siècle av. J.-C., Piânky, véritable fondateur de la puissance kouchite, lance une grande campagne militaire qui prend vite l’allure d’une marche victorieuse jusqu’à Memphis, les cités rencontrées se rendant au fur à mesure. Il laisse pourtant en place les roitelets locaux et s’en retourne à Napata.

La XXVe dynastie, qui désigne les rois kouchites reconnus durablement à Memphis, ne débute réellement qu’avec Chabataka en -713. Chabataka (713-705 av. J.-C.) conquiert l’Égypte, éliminant au passage un roi thébain, Iny, et surtout le roi de Saïs, Bocchoris, qui contrôlait tout le nord du pays. On a souvent cru pouvoir déceler une tendance impérialiste dans son règne, mais les rapports diplomatiques avec les Assyriens semblent avoir été plutôt bons.

Le règne de Chabaka (705-690 av. J.-C.), probablement un fils de Chabataka, est bien mieux documenté. Ce dernier lança un programme de constructions remarquables à Thèbes et Memphis, mais fut peu présent en Nubie.

Taharqa (690-664 av. J.-C.), le pharaon le plus emblématique de la dynastie, aurait semble-t-il usurpé le trône de Chabaka. Il mena une politique de travaux monumentale à Napata, Kawa, Thèbes et Memphis. Alors que son autorité est contestée dans le Delta par des dynasties rivales de Saïs et Tanis, il développe un intérêt pour le Levant et suscite des révoltes contre la domination assyrienne en Phénicie. Ceci explique que la fin de son règne soit marquée par plusieurs invasions des Assyriens.

C’est une nouvelle invasion, à Memphis et surtout Thèbes, qui mettra fin à la puissance kouchite en Égypte en -655, sous le règne de Tanouétamani (664-655 av. J.-C.). La XXVe dynastie perdure cependant en Nubie, autour de sa capitale Napata, et reste très influencée par la culture égyptienne.

généalogie Rois de Napata

La renaissance kouchite

Durant la XXVe dynastie, la région thébaine fut au cœur de l’attention des nouveaux pharaons originaires de Napata qui, pendant un demi-siècle, y rénovèrent et édifièrent de nombreux monuments.

Les temples de Karnak

Karnak, principal sanctuaire du dieu dynastique Amon-Rê, connut en particulier de nombreuses transformations sous le règne des rois kouchites.

Comme l’ont révélé les fouilles de Kerma, le dieu égyptien Amon était déjà révéré au Soudan à l’époque de la colonisation égyptienne, jouant possiblement le rôle de passerelle entre les deux cultures pour justifier la mainmise égyptienne sur le territoire nubien. Durant la période napatéenne, les rites qui étaient apparus autour de cette divinité à tête de bélier sont repris et développés, jusqu’à faire d’Amon une figure tutélaire au centre des cultes rendus dans Karnak et dans la capitale religieuse Thèbes.

À Karnak, Chabataka planifia l’agrandissement de la chapelle d’Osiris Heqa Djet, et son successeur Chabaka fit ajouter deux nouvelles portes à l’avant du temple de Ptah ainsi qu’un grand magasin de stockage à l’est de celui-ci.

Si Chabaka marqua durablement de son empreinte la région, le souvenir de son successeur, Taharqa, est aujourd’hui plus encore associé à cette renaissance. À son avènement, le pouvoir napatéen était à son apogée. Taharqa multiplia alors les projets monumentaux au cours de la première décennie de son règne, tout en achevant ceux de Chabaka, comme à Médinet Habou.

Sanctuaire dédié à l’aspect solaire d’Amon, Rê-Horakhty à Karnac Égypte
Sanctuaire dédié à l’aspect solaire d’Amon, Rê-Horakhty © CNRS-CFEETK n°191962/E. Saubestre

Sur la rive nord du lac sacré de Karnak, il fit notamment construire un sanctuaire original dédié à l’aspect solaire d’Amon, Rê-Horakhty, où était célébrée la renaissance quotidienne du soleil, en lien avec les mythes osiriens et ceux se déroulant à Médinet Habou. Ce monument, par l’originalité de son architecture et la richesse de sa décoration, témoigne de l’intense activité intellectuelle de l’époque.

Thèbes, nécropole de l’élite kouchite

Avec l’arrivée des Kouchites au pouvoir, la ville connut une nouvelle phase de splendeur, dont les premières manifestations remontent aux règnes de Chabataka et Chabaka pour connaître son apogée sous Taharqa. Elle fut enrichie de plusieurs monuments culturels et funéraires, sur les deux rives du Nil et occupa de nouveau la place de capitale religieuse qui était la sienne sous le Nouvel Empire.

Vue de l’Assassif avec les pylônes de Montouemhat, Pabasa et Padineith à Thèbes en Égypte
Vue de l’Assassif avec les pylônes de Montouemhat, Pabasa et Padineith © S. Einaudi

La nécropole de l’Assassif devint notamment un vaste chantier de construction à l’époque napatéenne pour accueillir les tombes de la nouvelle élite kouchite, véritables palais funéraires uniques dans l’architecture égyptienne.

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Le Djebel Barkal, la « montagne sacrée »

Vestige du grand temple d’Amon au pied du Djebel Barkal au Soudan
Vestige du grand temple d’Amon au pied du Djebel Barkal © Adobe Stock / evengh

Cette montagne sacrée, énorme massif de grès qui se détache du désert environnant, cristallisa pendant des siècles, et plus particulièrement sous la XXVe dynastie, l’attention des souverains qui y édifièrent à ses pieds temples et palais.

Ce sont les Égyptiens qui pendant la période de colonisation investirent cette masse rocheuse en y reconnaissant la demeure du dieu Amon. Pendant la période napatéenne, les rois kouchites, qui vouaient un véritable culte à cette divinité, multiplièrent le nombre de sanctuaires qui lui étaient consacrés. Certains rois choisirent d’élargir les temples de leurs prédécesseurs, d’autres d’en fonder de nouveaux.

Vue du grand temple d’Amon au Soudan
Vue du grand temple d’Amon © Adobe Stock/Robnaw

Au sein de cet ensemble architectural colossal se trouve le grand temple d’Amon, inauguré durant le règne de Thoutmosis III, puis agrandi jusqu’à l’époque napatéenne où il deviendra et demeurera le plus grand temple jamais construit au Soudan.

Les chefs-d’œuvre absolus de l’exposition « Pharaon des Deux Terres »

La XXVe dynastie a promu un courant antiquisant très original, qui avait commencé un peu auparavant à la période libyenne et qui va perdurer avec la XXVIe dynastie saïte. Cette mode, qui s’observe dans les thèmes choisis et les productions artistiques, marque la volonté des nouveaux représentants du pouvoir de s’inscrire dans une continuité historique.

Le sphinx de Chépénoupet II

Le sphinx de Chépénoupet II exposition « Pharaon des Deux Terres » au musée du Louvre
© BPK, Berlin, dist. RMN-GP / J. Liepe

Chépénoupet II, fille de Piânkhy et sœur de Taharqa, occupa la haute fonction de divine adoratrice d’Amon à Karnak pendant plusieurs décennies. De ce fait, elle reçut des prérogatives royales, comme celle d’être représentée en sphinx.

Les rois kouchites de la cachette de Doukki Gel

Les rois kouchites de la cachette de Doukki Gel exposition « Pharaon des Deux Terres » au musée du Louvre
© TrigonArt Ingenieurbüro

L’un des temps forts de l’exposition est la présentation de la reconstitution des sept statues monumentales de Doukki Gel, découvertes par l’équipe de Matthieu Honegger et Charles Bonnet en 2003. Ces statues qui représentaient les pharaons Taharqa, Tanouétamani et trois de leurs successeurs, avaient été brisées et remisées dans une fosse. C’est une découverte sensationnelle pour le grand public et plutôt récente à l’échelle des découvertes archéologiques.

Les versions originales sont aujourd’hui conservées au musée Kerma au Soudan. Les commissaires de l’exposition « Pharaon des Deux Terres » ont pris le parti de faire des reproductions sous forme de moulage de ces statues en granit avec des fils dorés.

La statue Horus Posno

La statue Horus Posno exposition « Pharaon des Deux Terres » au musée du Louvre
© Musée du Louvre, dist. RMN-GP/G. Poncet

Ce bronze de haute taille montre le très grand savoir-faire acquis par les artisans bronziers de cette période. Il appartenait à une composition plus vaste. Horus tend les bras pour verser de l’eau purificatrice d’un vase aujourd’hui disparu. Thot lui faisait face et accomplissait avec lui le rituel de purification pour le roi.

Pour aller plus loin :

hors-série Dossiers d’Archéologie sur l’exposition « Pharaon des Deux Terres. L’épopée africaine des rois de Napata » au musée du Louvre

Le hors-série Dossiers d’Archéologie sur l’exposition « Pharaon des Deux Terres. L’épopée africaine des rois de Napata » au musée du Louvre, conçu avec Vincent Rondot, directeur du département des Antiquités égyptiennes au musée du Louvre, et les contributions des meilleurs spécialistes de la XXVe dynastie et du royaume de Napata en Nubie.

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L’exposition sur le décor impressionniste au musée de l’Orangerie – France

« Le décor impressionniste. Aux sources des Nymphéas »

Article partenaire avec L’Objet d’Art
Par Jeanne Faton

Installés depuis 1927 à l’Orangerie, les Nymphéas de Monet témoignent avec force de la dimension éminemment décorative de l’art impressionniste. Le lien singulier que les pionniers de l’art moderne nouèrent avec le décor mural n’avait pourtant jamais été exploré avant l’exposition du musée de l’Orangerie. Elle invite, à plusieurs égards, à porter un regard nouveau sur l’art impressionniste. Caillebotte, Monet, Renoir, Pissarro et bien d’autres, avec des toiles rarement ou jamais présentées en France, sont au rendez-vous.

Claude Monet, Les Dindons, 1877
décor impressionniste
Claude Monet, Les Dindons. Décoration non terminée, dit aussi Les Dindons, 1877.
Détail. Huile sur toile, 174 x 172,5 cm © Musée d’Orsay, dist. RMN – P. Schmidt

À lire également : notre visite des Bassins de Lumières de Bordeaux lors de l’exposition « Monet, Renoir… Chagall, Voyages en Méditerranée »

Les commandes des premiers mécènes

Au XIXe siècle, nombreux sont les peintres à avoir commencé leur carrière par des menus travaux de décoration. Qu’ils aient peint les murs de leurs auberges par amusement de rapins, pour « payer » l’aubergiste en nature, ou qu’ils aient décoré restaurants et cafés pour gagner quelques sous, les exemples sont légion.

Tout au long des années 1870, les impressionnistes sondent notamment l’existence d’un marché pour la décoration murale : dessus de porte, panneaux en pendants, triptyque, compositions peintes à même le lambris… S’ils se sont vus confier peu de décoration publique, n’ayant pas cherché à se mettre dans les rangs de la décoration officielle, ils ont en revanche réalisé beaucoup de commandes privées pour des mécènes. Ces réalisations peintes pour des murs précis à la demande de commanditaires divers les inscrivent, l’espace d’une décennie, dans une configuration inédite, très éloignée de l’indépendance qu’ils avaient pour habitude de prôner, en peignant des tableaux de chevalet, vendus par l’intermédiaire de marchands.

Premiers commanditaires

Grâce au soutien de l’éditeur des naturalistes, Georges Charpentier, et de son épouse Marguerite, Pierre-Auguste Renoir répond efficacement à une série de commandes, à l’heure où Monet, Caillebotte et Degas manifestent leur désir d’en obtenir. Marguerite Charpentier, qui tient un salon couru, lui commande tour à tour des décorations et des menus pour son intérieur, avant de lui confier des portraits familiaux.

En 1876, Monet est quant à lui convié par le marchand de tissus Ernest Hoschedé à venir peindre au petit château de Montgeron. L’espace d’un été, il exécute pour son mécène quatre compositions de grandes dimensions destinées au décor du grand salon : Les Dindons, L’étang à Montgeron, Coin de jardin à Montgeron et La Chasse. Il décorera plus tard la salle à manger de son marchand Durand-Ruel, une manière plus efficace pour ce dernier de faire acheter l’art impressionniste par « les capitalistes » !

Caillebotte s’engage lui aussi dans la voie de l’art décoratif, en réalisant un superbe triptyque champêtre, probablement destiné à orner les murs de sa demeure d’Yerres, illustrant les plaisirs de l’eau : canotage, baignade et pêche. Jusqu’alors dispersés entre collections privées et publiques, ces panneaux sont pour la première fois reconstitués dans leur ensemble. De Caillebotte aussi, pour sa demeure du Petit-Gennevilliers, figurent les étonnants panneaux décoratifs représentant sa serre d’orchidées, une passion du peintre-jardinier.

L’aventure des arts décoratifs : la fièvre expérimentale

Dans les années 1880, les impressionnistes sont nombreux à s’aventurer dans des domaines techniques où on ne les attendait pas, en explorant d’autres supports comme la peinture sur ciment, un brevet original déposé par Renoir et ses deux associés, et sur soie, ou encore la réalisation de carreaux de céramiques. En se confrontant à d’autres techniques que celle de l’huile sur toile, ils ne craignent pas d’embrasser la voie des arts dits mineurs. Au moment où la France organise l’Exposition universelle de 1878, les impressionnistes rejoignent ainsi les préoccupations de leur temps en appliquant le beau au quotidien.

Camille Pissarro, Travailleurs dans les  (Soleil couchant), éventail, vers 1883.
décor impressionniste
Camille Pissarro, Travailleurs dans les champs, dit aussi Travailleurs
dans les champs (Soleil couchant), éventail, vers 1883.
Gouache sur soie, 14,5 x 53,5 cm. Collection particulière. Photo service de presse © Musée d’Orsay – P. Schmidt

Le format en demi-lune de l’éventail suscite notamment un grand engouement chez eux. Plus rapides à réaliser et plus faciles à vendre que des tableaux, les éventails ont été une source de stabilité économique pour certains artistes comme Pissarro, qui en exposa un grand nombre à l’exposition impressionniste de 1879, aux côtés des éventails de Degas.

Des fleurs, un peu, beaucoup, passionnément…

La nature et plus particulièrement les fleurs constituent le motif décoratif par excellence des impressionnistes. Cette passion qui lie Caillebotte et Monet se reflète dans des tableaux saisissants où n’apparaissent plus de repères spatiaux. Ni haut ni bas, ni terre ni ciel : les formes et les couleurs deviennent le principal sujet de ces œuvres très décoratives qui évoquent la répétition d’un motif sur un lé de papier peint.

Claude Monet, Chrysanthèmes, 1897
décor impressionniste
Claude Monet, Chrysanthèmes, 1897.
Huile sur toile, 130 x 89 cm. Collection particulière © Christie’s Images / Bridgeman Images

Trouer les murs

Les réflexions impressionnistes sur la décoration n’ignorent pas une grande interrogation du XIXe siècle dans ce domaine : faut-il trouer le mur ? Autrement dit, faut-il considérer que l’œuvre décorative fera oublier la muraille et ouvrira comme une fenêtre vers d’autres réalités, ou faut-il au contraire prendre en compte la planéité du mur et en souligner l’existence ? Monet apporte une réponse magistrale à cette question, avec le cycle des Nymphéas, exposés en permanence au musée de l’Orangerie et conclusion grandiose et immersive de cette aventure du décor impressionniste.

À découvrir avec la journée culturelle Arts et Vie : L’impressionnisme à Paris

hors-série L’Objet d’Art sur l’exposition « Le décor impressionniste. Aux sources des Nymphéas » au musée de l’Orangerie

Pour aller plus loin

Le hors-série L’Objet d’Art sur l’exposition « Le décor impressionniste. Aux sources des Nymphéas » au musée de l’Orangerie, avec un entretien des commissaires de l’exposition. Intégralement rédigé par Marine Kisiel, docteure en histoire de l’art et spécialiste du sujet.

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L’Hôtel de la Marine à Paris – France

Article partenaire avec les Dossiers de l’Art
Par Jeanne Faton

Hôtel de la Marine

C’est à une véritable découverte du Garde-Meuble de la Couronne, jusqu’alors inaccessible au public, qu’invite aujourd’hui la réouverture de l’Hôtel de la Marine. Ce chantier de restauration de grande envergure a rendu aux appartements du XVIIIe siècle leur circulation initiale et dégagé avec soin la plupart des décors d’origine afin de retrouver l’esprit des lieux.

Plus de trois siècles d’histoire…

L’Hôtel de la Marine n’a d’abord été qu’un palais fantôme, une façade destinée à mettre en valeur le génie à la fois d’architecte et d’urbaniste d’Ange-Jacques Gabriel pour l’aménagement de la nouvelle place à la gloire de Louis XV. Plus de trois siècles d’histoire résonnent aujourd’hui dans ses murs…

Construit au XVIIIe siècle par le célèbre architecte, il abrite d’abord, jusqu’en 1798, le Garde-Meuble de la Couronne. Cette prestigieuse institution est chargée de fournir aux résidences royales le mobilier du plus nouveau goût (meubles, tapisseries, mais aussi des pièces d’orfèvrerie, armes et petits bronzes…) comme le mobilier courant. Les deux intendants du Garde-Meuble de la Couronne, Pierre-Élisabeth de Fontanieu, puis Marc-Antoine Thierry de Ville-d’Avray, y résident dans de somptueux appartements offrant une vue imprenable sur la future place de la Concorde. C’est là qu’eut lieu, en 1792, en pleine tourmente révolutionnaire, l’un des « casses » les plus célèbres de l’histoire : le vol des bijoux de la Couronne, un butin estimé à près de 30 millions de francs…

Après la Révolution, l’ancien Garde-Meuble de la Couronne devient, pendant plus de 200 ans, le siège du ministère de la Marine, auquel il doit son nom actuel. Quatre années de travaux administrés par le Centre des monuments nationaux viennent de rendre à l’hôtel les décors de ses appartements du XVIIIe siècle : une métamorphose qui plonge le visiteur dans les ultimes raffinements de l’art de vivre au siècle des Lumières !

La restauration : quand une cuisine cache des boiseries du XVIIIe siècle…

Comment restaurer un lieu historique dont la vocation a changé au fil des siècles et des besoins de ses nouveaux occupants ? Les marins, s’ils ont cloisonné et badigeonné les pièces du XVIIIe siècle, se sont heureusement révélés être d’excellents conservateurs : ils n’ont rien ou très peu détruit ; sous les nombreux repeints, les boiseries d’origine ont réapparu. La découverte la plus spectaculaire fut celle, derrière une cuisine en inox, des boiseries intactes du petit cabinet de Fontanieu. Commandée à l’ébéniste Jean-Henri Riesener, la table mécanique, chef-d’œuvre du mobilier français, qui s’y trouvait à l’origine et qui était conservée au Louvre, a pu y reprendre sa place, avec le secrétaire à abattant assorti, offert par un généreux donateur.

Parmi les temps forts de cette visite des appartements privés, citons encore la découverte du cabinet des miroirs, écrin précieux et doré, entièrement décoré de miroirs peints de guirlandes et d’angelots, ou encore la salle à manger de l’Intendant : autour du célèbre mobilier de Riesener, les décorateurs Joseph Achkar et Michel Charrière ont dressé une table dans le goût du XVIIIe siècle, en s’inspirant du fameux Déjeuner d’huîtres de Jean-François de Troy, peint pour le roi Louis XV et dans lequel le champagne, boisson nouvelle à l’époque, coule à flots… Un audioguide permet de déambuler dans les différentes pièces au fil d’un parcours théâtralisé offrant une expérience de visite inédite très réussie.

La fête continue avec la Collection Al Thani

Outre les appartements XVIIIe, le public arpente aussi les salons d’apparat du XIXe siècle, plus solennels et plus froids, aménagés pour le ministère de la Marine et restaurés il y a quelques années. Un trésor l’attend enfin dans cet écrin retrouvé que constitue l’Hôtel de la Marine : une sélection de 120 œuvres de la collection du prince Al Thani, présentée à travers une scénographie onirique. Voulant démontrer la force unificatrice de l’art à travers les cultures et les civilisations, l’exposition réunit de somptueux chefs-d’œuvre : la tête d’une figure royale d’Égypte ancienne sculptée dans du jaspe rouge (1475-1292 av. J.-C.), une sculpture chinoise en bronze doré d’un ours assis provenant de la dynastie Han (206 av. J.-C. – 25 apr. J.-C.), un pendentif Maya (200-600 apr. J.-C.) ou encore la coupe de jade de l’empereur moghol Jahângîr (1569-1627). L’éblouissement est au rendez-vous !

Pour aller plus loin :

Le Dossier de l’Art écrit par les meilleurs spécialistes et historiens sur l’Hôtel de la Marine, son histoire et ses collections

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L’exposition Marcel Proust au musée Carnavalet – France
Portrait de Marcel Proust par Blanche Jacques Emile (1861-1942) © Hervé Lewandowski/RMN

Du côté de chez Proust

Par Emmanuelle Bons

Depuis sa réouverture en 2021 suite à la réfection totale de ses espaces, le musée Carnavalet n’a cessé de démontrer que sa réputation d’institution poussiéreuse et surannée appartient désormais au passé. En cette année particulière où l’on célèbre le 150e anniversaire de la naissance de Marcel Proust, ce musée a choisi de rendre hommage à cette figure incontournable de la littérature autour d’une thématique inédite et d’une scénographie innovante. Le plus Parisien des écrivains se voit ainsi mis en lumière dans cette institution dédiée à la capitale afin de souligner la place essentielle de Paris dans sa vie mais aussi dans son œuvre.

Exposer la littérature

Aborder la littérature dans le cadre d’une exposition est un challenge de taille ! Comment parvenir à évoquer les imaginaires, les mondes fictifs, par le biais de représentations concrètes et matérielles. Là où beaucoup d’institutions ont échoué en présentant une accumulation de documents et de manuscrits sans relief, le musée Carnavalet a relevé le défi avec brio ! Il faut dire que les deux hôtels particuliers, l’hôtel Carnavalet et l’hôtel Le Peletier de Saint Fargeau – réunis en un musée qui sert d’écrin à cette exposition – constituent de purs exemples de la délicatesse de l’architecture du XVIIe siècle et illustrent parfaitement le luxe et le raffinement parisien. Une belle entrée en matière donc pour aborder cette plongée dans le temps qui invite à revenir vers l’époque de transition entre le XIXe et le XXe siècle, pleine de promesses en la modernité.

Immersion dans le “Paris fin de siècle”

Dès mes premiers pas dans les espaces d’exposition, je me suis sentie immédiatement immergée dans le Paris des années 1870 où nait Marcel Proust au cœur des quartiers huppés du 16e arrondissement. On y croise pêle-mêle de nombreux portraits et photographies du futur écrivain et de sa famille, mais aussi des représentations des quartiers de son enfance et de sa jeunesse autour du 8e arrondissement qu’il chérit et ne quittera quasiment jamais. On découvre le lycée Condorcet qu’il fréquenta, les Champs-Élysées où il se promenait mais aussi l’opéra, les salons, le Louvre… Un habillage musical qui évoque l’atmosphère à la fois feutrée et frivole de ce Paris fin de siècle ainsi que des accessoires de mode viennent parfaire le portrait de cette jeunesse insouciante, souriante et riche.

Retrouver l’homme

Chambre de Marcel Proust
Le mobilier ayant appartenu à Marcel Proust, présenté au musée Carnavalet © Pierre Antoine

Pièce maitresse de l’exposition, la chambre reconstituée de Marcel Proust a constitué un moment vraiment fort de mon parcours. Avec son éclairage théâtralisé et sa scénographie particulière, cette pièce offre une approche très intime de l’écrivain. Je l’imagine sans mal étendu sur sa méridienne en train de penser ou de travailler, je me représente sa silhouette pâle et maladive dans sa pelisse noire à col de loutre, je frémis en pensant à sa dépouille funèbre dans ce lit à barreaux de métal… Cette salle est vraiment très émouvante pour qui s’est intéressé de près à l’homme autant qu’à l’écrivain. Impossible sans doute d’évoquer l’un sans l’autre. Véritable transition entre les évocations biographiques des premiers espaces et la plongée dans l’univers de la Recherche dans les suivantes, cette pièce symbolise le nœud central de l’exposition, le lieu même de la création littéraire, l’espace de transformation du réel en un monde fictif dense et précis.

À la recherche du temps perdu, un roman parisien ?

Toute la seconde partie de l’exposition est en effet consacrée au Paris fictionnel dans lequel le lecteur déambule au fil des pages de la Recherche. On y retrouve l’espace mondain du bois de Boulogne, l’imaginaire faubourg Saint-Germain ou encore le Paris interlope de Sodome et Gomorrhe… Là encore tableaux, manuscrits, mais aussi films, documents sonores et costumes viennent former un ensemble saisissant qui plonge le visiteur dans un univers que l’écrivain a créé de toutes pièces à partir de son environnement familier. La capitale poétisée par Proust, est le cadre de la quête du narrateur – double de l’auteur – jusqu’à la révélation finale de sa vocation d’écrivain.

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Les Bassins de Lumières de Bordeaux – France

Une ode à la modernité et à la couleur

Par Marie Lagrave

Dans le Plus #158 de l’hiver 2020, nous avions consacré un article à l’ouverture d’un nouveau lieu culturel à Bordeaux : les Bassins de Lumières. Installé dans une ancienne base sous-marine, cet insolite espace d’exposition a été aménagé par Culturespaces afin d’accueillir des expositions numériques. Ici, pas de tableaux encadrés ; les œuvres sont projetées directement sur les murs, et emplissent tout l’espace. J’étais à la fois curieuse de découvrir ce lieu atypique, s’inscrivant dans le renouvellement de la ville insufflé depuis une vingtaine d’années, et enthousiasmée par le concept novateur de ces expositions immersives. J’ai ainsi profité d’un séjour à Bordeaux à l’automne pour aller visiter ces fameux Bassins de Lumières.

Le quartier de Bacalan, marqué par l’histoire

Rendez-vous donc dans le quartier Bacalan, excentré au nord de la ville. Ici, tout semble neuf, des travaux sont encore en cours ça et là. Le quartier, portuaire et industriel, existe pourtant depuis le XVIe siècle. Il connait un essor important à partir du début du XIXe siècle, lorsque la construction du pont de pierre empêche l’accès des bateaux en aval. Les bassins à flots sont creusés, industries et chantiers navals s’installent en nombre. Puis la Seconde Guerre mondiale éclate et la France est rapidement occupée par les Allemands. Le port de Bordeaux devient un lieu stratégique et une imposante base sous-marine y est construite. Cible de l’aviation alliée, la base sera bombardée à plusieurs reprises ; mais à la Libération, l’énorme bunker est à peine éraflé. Carcasse indestructible, sombre souvenir d’une période haïe, il est laissé à l’abandon. Et le quartier de Bacalan entame une inexorable récession.

Le renouveau des années 2000

Il faudra attendre les années 2000 et le réveil de la « belle endormie » pour que des travaux d’envergure soient envisagés à Bacalan. C’est d’abord avec l’arrivée du tramway en 2007 que le quartier commence à se moderniser, puis les projets immobiliers et culturels se multiplient à partir des années 2010. Le pont Chaban-Delmas est construit en 2012, les Halles de Bacalan sont inaugurées en 2017, le musée Mer Marine en 2018. La base navale, investie par Culturespaces, devient les Bassins de Lumières et ouvre ses portes en juin 2020.

« Monet, Renoir… Chagall, Voyages en Méditerranée » aux Bassins de Lumières

Gigantesque bloc de béton noirci par le temps, le bunker allemand se voit de loin. Impressionnée par l’architecture imposante de ses murs et des alvéoles ouvertes sur les quais, je pénètre à l’intérieur. Il faut quelques instants pour que mes yeux s’habituent à l’obscurité qui y règne. Mais très vite, je suis happée par l’univers sonore de l’exposition et le festival de couleurs projeté sur les murs. Les œuvres de Renoir, Monet, Pissarro, Signac, Bonnard, Dufy, Chagall et de quelques autres, s’animent sous mes yeux, se reflètent dans l’eau des bassins, se succèdent les unes aux autres. Plusieurs espaces permettent d’apprécier l’exposition : les 4 bassins, la citerne, la mezzanine et les gradins. Je déambule de l’un à l’autre, la Méditerranée sous mes pieds, avec l’impression d’avoir plongé dans un tableau, dans l’univers joyeux et coloré de ces peintres. Et je m’émerveille avec eux de la beauté de la Côte d’Azur.

À lire également : la visite de l’exposition « Le décor impressionniste. Aux sources des Nymphéas » au musée de l’Orangerie

« Yves Klein, l’infini bleu » aux Bassins de Lumières

Au bout d’une quarantaine de minutes, mon voyage en Méditerranée se termine, remplacé par une autre projection mettant à l’honneur Yves Klein et son fameux bleu. La mer sous mes pieds devient pavés, puis c’est une explosion de motifs, de textures et de couleurs, dominée bien sûr par le bleu Klein. Retraçant le parcours de l’artiste, le programme dure une dizaine de minutes.

Les créations contemporaines du Cube

Je passe ensuite dans le Cube, une petite salle carré consacrée aux créations contemporaines. Deux programmes s’y succèdent : « Memories » créé par le studio Spectre Lab et « Everything » du studio Nohlab. Accompagnés d’une voix off, ils proposent un questionnement métaphysique, où sciences et philosophie se mêlent. Enfin, je termine ma visite par un passage à l’espace musée, qui présente l’histoire de la base sous-marine.   

Les Bassins de Lumières proposent une expérience immersive complète et très réussie. Les différents programmes sont bien réalisés et présentent une belle diversité. C’est néanmoins peut-être un peu dense si l’on souhaite tout faire en une seule visite. J’aurai sans doute préféré une offre moins importante (il y a, en comptant la présentation de la base, 5 thématiques différentes) avec des programmes plus longs et plus détaillés. La base navale, quant à elle, avec ses volumes importants, l’eau de ses bassins, son acoustique particulière est un superbe écrin pour ce centre culturel numérique. Sans pour autant oublier l’histoire, Culturespaces a su complètement transformer cette place forte militaire, conçue pour la guerre et la destruction, pour en faire un lieu tourné vers l’art et la beauté.

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Quel mélomane n’a jamais rêvé d’entendre résonner un soir d’été, sous le plus beau des ciels étoilés de Provence, les premières notes de son air favori ? Qui ne s’est jamais imaginé entraîné par des flots mélodieux dans des lieux uniques où la musique rencontre l’histoire ? Les Chorégies d’Orange et le Festival international d’art lyrique d’Aix-en-Provence, qui fêtera cette année ses 77 ans, vous invitent à vivre ces instants d’exception dans une région où la culture tient une place prépondérante. Cette escapade vous convie à 3 soirées d’une qualité remarquable, ainsi qu’à une belle découverte de la Provence des peintres notamment grâce à l’extraordinaire rétrospective consacrée cette année à Cézanne au musée Granet.

Durée 5 jours / 4 nuits
Prochain départ 9 juillet 2025
Thématique Escapades thématiquesFestivalsVoyages en train
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