Eugène Fromentin débutait ainsi ses Maîtres d’autrefois : « Je viens voir Rubens et Rembrandt chez eux, et pareillement l’école hollandaise dans son cadre, toujours le même, de vie agricole, maritime, de dunes, de pâturages, de grands nuages, de minces horizons. » Un voyage culturel aux Pays-Bas avec Arts et Vie vous mènera pareillement voir les peintres hollandais et les paysages et les villes qui les ont inspirés : canaux tranquilles, hautes maisons à pignons, moulins à la frêle silhouette, polders cernés de digues. Autour de Rotterdam, Kinderdijk, Keukenhof et Gouda, vous admirerez ces calmes étendues gagnées dessus la mer, ces fermes-halles aux toits de chaume et ces vastes champs de tulipes.
Classé au patrimoine mondial de l’Unesco, le réseau des moulins de Kinderdijk-Elshout illustre, de manière magistrale, la lutte séculaire que les Hollandais menèrent depuis le Moyen Âge pour reprendre à la mer de vastes étendues de terre. Vous y verrez des polders, des berges et des digues, des moulins et des écluses. Les silhouettes des moulins sont variées, depuis les moulins ronds faits de briques jusqu’aux modèles octogonaux à toits de chaume, en passant par les moulins à pivot creux. Comme dans les peintures de paysages des Rusdaeyl, Van Goyen et Van de Velde, les rythmes verticaux des réseaux de moulins viennent rompre, sous un ciel mouvant, l’horizontalité des plages interminables et des dunes échelonnées. Les eaux étales des canaux ont pareillement façonné Amsterdam : symboles de la puissance financière et marchande d’une Venise du Nord ouverte sur le monde, les canaux surmontés de leurs quatre-vingt ponts ont été classés au Patrimoine mondial de l’Unesco. Dans leurs eaux claires se reflètent les ciels aériens et les hautes maisons à pignons criblées de fenêtres si souvent peints par la peinture de genre hollandaise. Un autre peintre, génie universel, a marqué la ville de son empreinte et c’est Rembrandt.
Un voyage culturel vous mènera au Rijksmuseum découvrir l’œuvre immense du maître, grands tableaux d’église, petits paysages notés en trois traits, portraits solennels de corporations, scènes bibliques habitées par le songe, eaux-fortes toutes de contrastes et autoportraits où l’artiste ne cessa de se regarder au miroir, jeune et fastueux, puis ruiné et malade. Vous verrez La Ronde de Nuit[ qui montre pourtant une scène de jour. Pourquoi ? Parce que l’ombre est, chez Rembrandt, la forme ordinaire de sa poétique : dans ses paysages comme dans ses portraits, dans ses eaux-fortes comme dans sa peinture, « c’est avec la nuit qu’il a fait du jour. » (Fromentin). À Harlem, un voyage culturel vous mènera à la découverte de Franz Hals et de sa manière libre et franche, substantielle et savante. À La Haye et à Delft, vous retrouverez Vermeer et la vie silencieuse et profonde de ses intérieurs. Approchez-vous : vous voyez les perspectives sans défaut, les glacis transparents et les couleurs chaudes obtenues à partir de l’outremer, de l’ocre et de la terre d’ombre. Aucune analyse, pourtant, ne saurait expliquer, ici, le mystère de la matière. Matière que l’on retrouve dans le fameux « petit pan de mur jaune » de la Vue de Delft, que le Bergotte de Proust nous invite à regarder seul, « comme une précieuse œuvre d’art chinoise, d’une beauté qui se suffirait à elle-même. »
